Des mensonges au sujet de la mpox et de l'OMS

Après avoir qualifié la mpox (variole du singe) d'urgence sanitaire internationale, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) aurait ordonné aux gouvernements de se préparer à des « confinements massifs ». L'organisation onusienne craindrait qu'une nouvelle souche du virus cause « une pandémie mortelle », un scénario qu'elle jugerait comme « fort probable ». Ces affirmations, qui trouvent leur origine dans un article anglophone, ont été reprises en français sur Facebook (ici, ici et ici) et X. Mais sont-elles vraies ?

Evaluation

Non, l'OMS n'a pas appelé les gouvernements à se préparer à des confinements, et n'a pas non plus le pouvoir de formuler de tels ordres, a fait savoir l'organisation à la Deutsche Presse-Agentur (dpa). Le directeur de l'OMS en Europe a par ailleurs publiquement déclaré que des confinements n'étaient pas à l'ordre du jour pour freiner la propagation de la mpox.

Faits

L'article d'où proviennent ces fausses affirmations a été publié le 15 août 2024 sur The People's Voice, un site spécialisé dans la désinformation. Celui-ci a déjà fait l'objet de nombreux fact-checks de la dpa (par exemple ici, ici et ici). Comme à son habitude, le site s'est inspiré de l'actualité pour monter des déclarations de toutes pièces.

C'est ce qu'a confirmé Tarik Jasarevic, le porte-parole de l'OMS, à la dpa le 21 août. « L'OMS n'a pas ordonné aux gouvernements de se préparer à instaurer de nouveaux confinements stricts, ni aucun type de confinement en raison de la mpox », a-t-il souligné. L'organisation n'a pas non plus déclaré que la nouvelle souche du virus causerait une pandémie, a ajouté M. Jasarevic.

Ce dernier précise par ailleurs que l'OMS n'a pas le pouvoir d'imposer quoi que ce soit aux gouvernements. « Seuls les pays eux-mêmes possèdent la souveraineté nécessaire pour prendre des décisions et des mesures concernant la santé de leurs populations », a-t-il détaillé.

Une mesure jugée inutile

L'article trompeur est apparu le lendemain d'une annonce de l'OMS concernant une flambée de cas de mpox en Afrique, ainsi que l'émergence d'une nouvelle souche du virus. L'organisation a décrété une « urgence de santé publique de portée internationale », son plus haut niveau d'alerte.

Si Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'OMS, a appelé à une « action internationale coordonnée » pour endiguer la propagation de la maladie, ce dernier n'a jusqu'à présent pas évoqué de confinements.

« La mpox n'est pas la nouvelle Covid », a de son côté déclaré Hans Kluge, le directeur régional de l'OMS en Europe, lors d'un point de presse le 20 août. « Nous savons comment contrôler la mpox et, dans la Région européenne, nous connaissons les mesures nécessaires pour empêcher totalement sa transmission », a-t-il assuré.

Lorsque des journalistes lui ont demandé si des confinements étaient à l'ordre du jour, comme durant la pandémie de Covid-19, Hans Kluge a répondu que « non ».

A l'heure actuelle, l'OMS ne recommande ni le port du masque ni une vaccination de masse, contrairement à ce qu'il s'était produit pour le Covid-19. Il est toutefois conseillé aux personnes à risque habitant dans les zones touchées de se faire vacciner.

Une évolution surveillée de près

La mpox est une infection virale qui se transmet lors de contacts étroits, notamment sexuels. La maladie, endémique dans certains pays d'Afrique, se manifeste généralement par une éruption cutanée qui peut durer plusieurs semaines.

Des cas de mpox avaient déjà été identifiés en Europe en 2022. Une nouvelle souche du virus jugée plus dangereuse - le clade Ib, signalé pour la première fois en République démocratique du Congo en 2023 - a toutefois poussé l'OMS à alerter la communauté internationale. Un premier cas de ce nouveau variant hors Afrique est apparu en Suède à la mi-août 2024. Mais la situation ne requiert actuellement pas l'instauration de confinements.

(Situation au 23.08.2024)