Grippe aviaire
Aucune pénurie ni rationnement de nourriture en Australie
Publié le 20.6.2024, 08:27 (CEST)
Alors que plusieurs cas de transmission du virus de la grippe aviaire à l'homme ont récemment été signalés à travers le monde, les craintes d'une nouvelle épidémie se multiplient. Tout comme les fausses informations.
Sur les réseaux sociaux, des publications prétendent par exemple que l'Australie serait devenue le premier pays à imposer des rationnements alimentaires afin de se préparer à une future pandémie. Mais est-ce correct ?
Evaluation
Non, l'Australie n'a décrété aucun rationnement alimentaire. Aux prises avec une épidémie de grippe aviaire, le pays fait face à une légère perturbation de l'approvisionnement en oeufs, mais pas à une pénurie.
Faits
Les publications partagées sur les réseaux sociaux s'appuient sur un article du site web The People's Voice, réputé pour fabriquer et diffuser des contenus infondés. La Deutsche Presse-Agentur (dpa) l'a déjà montré à de maintes reprises (comme ici, ici ou encore ici).
Dans ce cas-ci, le titre de l'article indique : « L'Australie ordonne des rationnements alimentaires pour se préparer à une pandémie de grippe aviaire. »
Dans l'article, l'auteur prétend - sans citer de source - que l'Etat australien de Victoria aurait ordonné le confinement des fermes d'élevage, abattu des millions de volailles et interdit aux consommateurs d'acheter des produits de consommation courante, comme des oeufs. Mais ces allégations sont fausses ou exagérées.
Aucune restriction alimentaire
S'il est vrai que l'Australie fait face à une épidémie importante de grippe aviaire, les mesures prises par les autorités sont loin d'être aussi drastiques.
Mi-juin 2024, sept fermes d'élevage de volailles dans l'Etat de Victoria (sud-est) étaient confrontées à des cas de grippe aviaire issus des souches H7N3 et H7N9, selon le département d'agriculture de ce dernier. Dans l'Etat voisin de Nouvelle-Galles du Sud (NSW), une exploitation était touchée par la souche H7N8.
Il ne s'agit donc pas de la souche H5N1 qui fait actuellement craindre une transmission à l'homme, après l'infection de millions d'animaux sauvages et d'élevage à travers le monde, et l'apparition de plusieurs cas humains.
En Australie, pour éviter que l'épidémie ne se propage entre les oiseaux, les exploitations concernées ont été placées en quarantaine et plus d'un million de volailles doivent être euthanasiées.
En ce qui concerne la consommation, les autorités n'ont imposé aucune restriction à ce jour. « Les oeufs et produits de volailles ne posent aucun risque pour la santé humaine. Ils peuvent être consommés sans danger », a affirmé l'Agence de sécurité alimentaire australienne dans un communiqué.
Légère perturbation d'approvisionnement
Pour éviter une éventuelle pénurie, seule une chaîne de supermarchés a introduit une limite temporaire de deux boîtes d'oeufs par client. Aucune autre enseigne n'a annoncé de restriction.
Selon l'association de producteurs d'oeufs Australian Eggs, une légère perturbation de l'approvisionnement est possible. Mais les limitations d'achat ou rayons moins fournis que d'ordinaire n'indiquent en rien une pénurie nationale. « Seule une petite partie de l'industrie a été touchée par la grippe aviaire », souligne l'association.
Le ministre australien de l'Agriculture, Murray Watt, s'est également voulu rassurant : « Il n'y a aucune raison de s'inquiéter d'une pénurie nationale d'oeufs », a-t-il déclaré à la presse, sur fond de nombreuses fausses informations apparues en ce sens sur les réseaux sociaux.
Un risque faible pour la population générale
En mars dernier, l'Etat de Victoria a enregistré un cas humain de grippe aviaire, le premier en Australie. Un enfant revenant d'Inde a été testé positif à la souche H5N1.
Ce cas n'est cependant pas lié à l'épidémie en cours dans les élevages de volailles, selon les autorités sanitaires australiennes.
La transmission de la grippe aviaire des oiseaux ou des animaux à l'homme reste très rare. La plupart des gens ne courent aucun risque, sauf s'ils sont en contact étroit avec des oiseaux ou des animaux infectés.
A l'heure actuelle, et malgré quelques cas de transmission à l'homme, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) juge « faible » le risque global que pose le virus H5N1 pour la santé publique.
(Situation au 20.06.2024)
Liens
Publications Facebook I, II, III (versions archivées I, II, III)
Publication X (version archivée)
Article de People's Voice (version archivée)
A propos de People's Voice - Conspiracy Watch (version archivée)
Fact-checks de la dpa I, II, III
A propos des exploitations contaminées dans l'Etat de Victoria - Département de l'agriculture (version archivée)
A propos de l'exploitation contaminée dans le NSW - ABC News (version archivée)
A propos des risques de pandémie - RTS (version archivée)
Communiqué de l'agence de sécurité alimentaire australienne (version archivée)
A propos des restrictions de la chaîne de supermarchés Coles (version archivée)
Communiqué d'Australian Eggs (version archivée)
A propos de Murray Watt (version archivée)
Déclarations de Murray Watt - SBS News (version archivée)
A propos des fake news autour de la grippe aviaire - SBS News (version archivée)
A propos du cas humain de H5N1 en Australie (version archivée)
A propos du cas de H5N1 et de l'épidémie en cours (version archivée)
A propos de l'évaluation du risque par l'OMS (version archivée)
À propos des fact-checks de la dpa
Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.
Si vous avez des objections ou des remarques, merci de les envoyer à l'adresse factcheck-schweiz@dpa.com en incluant un lien vers la publication Facebook concernée (voir le modèle à utiliser ici).
Pour plus d’informations sur la manière de soumettre une correction ou de contester une évaluation, veuillez vous référer à cette page.