Vidéo trompeuse
L'humain a été sur la Lune, Thomas Pesquet le dit aussi
Publié le 17.2.2023, 12:21 (CET)
L’astronaute français Thomas Pesquet aurait avoué que l’humain n’aurait en fait jamais marché sur la Lune. C’est en tout cas ce que certains internautes affirment sur les réseaux sociaux, en partageant un extrait d’une de ses interviews. Dans la vidéo, on entend Thomas Pesquet déclarer au sujet d’une prochaine mission sur la Lune : « On va aller très loin. Aussi loin qu'aucun être humain ne s'est éloigné de la Terre. » À la fin de la séquence, il se pose même la question de savoir s’il est « humainement possible d’aller là-bas ». Mais cela équivaut-il réellement à un « aveu » de la part de l’astronaute ?
Évaluation
Il s’agit d’une fausse information vieille de plusieurs mois, que Thomas Pesquet a lui-même démentie. Dans cette interview, il évoque les objectifs de la mission Artemis, qui ambitionne le retour de l’humanité sur la Lune. Il fait référence à la trajectoire prévue dans le cadre de cette mission, plus lointaine que ce qui a été réalisé par le passé. Il ne dit pas que l’humanité n’a jamais marché sur la Lune.
Faits
Le passage utilisé par les internautes est un extrait d’une intervention de Thomas Pesquet au JT de France 2, le 28 août 2022. Il s’exprimait à l’occasion du décollage – initialement prévu le lendemain mais qui s’est finalement déroulé en novembre – de la première fusée de la mission Artemis. L’objectif de ce programme de la NASA, l’agence spatiale américaine, est de repartir à la conquête de la Lune.
Certaines phrases de Thomas Pesquet lors de cette interview ont été rapidement détournées à l’époque, au point que ce dernier, habitué des réseaux sociaux, s’en agace sur Twitter. « Bien sûr que oui, l’humain est allé sur la lune pendant les missions Apollo. Et on va y retourner », a-t-il réagi sur Twitter quelques jours plus tard.
À aucun moment Thomas Pesquet n’a indiqué lors de son passage sur France 2 que l’humanité n’a jamais marché sur la Lune. Au tout début de son interview (à environ 30 secondes dans la vidéo), il parle d’ailleurs du « grand retour de l’homme, et de la femme, sur la Lune » dans le cas où la mission Artemis se révèle être un succès.
Une distance record
Dans l’interview, l’astronaute de l’Agence spatiale européenne (ESA) évoque simplement le fait que la mission Artemis a pour plan d’aller beaucoup plus loin de la Terre que ce qui a été accompli par le passé. Le programme prévoit en effet d’envoyer un vaisseau spatial - tout d’abord sans équipage - à un peu plus de 450 000 kilomètres (280 000 miles) de notre planète, et à quelque 64 000 kilomètres (40 000 miles, qui n'équivalent pas à 70 000 kilomètres comme écrit sur le site de la NASA) au-delà de la Lune. Une distance qui n’a jamais été atteinte par une capsule habitable auparavant.
C’est à cela que Thomas Pesquet fait référence lorsqu’il dit qu’Artemis devrait permettre d’aller « aussi loin qu'aucun être humain ne s'est éloigné de la Terre ». À titre de comparaison, lors du premier pas sur la Lune en 1969, les astronautes avaient parcouru une distance de quelque 376 000 kilomètres (234 000 miles) pour atteindre le satellite. À l’époque, l’objectif était de faire atterrir des astronautes sur la Lune, et de les faire revenir rapidement. Artemis voit plus loin, et envisage la Lune comme une étape vers d’autres horizons.
Le programme Artemis a d’ores et déjà permis de battre le record de la plus grande distance parcourue par un vaisseau spatial habitable depuis la Terre. Fin novembre 2022, le vaisseau Orion s’est rendu à 432 210 kilomètres de notre planète, dépassant le précédent record établi lors de la mission Apollo 13 en 1970.
Plusieurs missions sur la Lune
La première personne à avoir marché sur la Lune est Neil Armstrong, dans le cadre de la célèbre mission Apollo 11. En tout, douze astronautes américains ont été sur la Lune entre 1969 et 1972. Retourner sur le satellite naturel de la Terre n’a ensuite plus été une priorité, notamment pour des raisons financières et politiques.
Aujourd’hui, explorer la Lune de manière plus approfondie revêt d’une importance nouvelle pour la NASA, car il pourrait s’agir d’une étape vers Mars. Le but de la mission Artemis est aussi de développer une présence humaine sur la Lune, là où le programme Apollo s’inscrivait dans un contexte de course contre la montre entre Russes et Américains.
L’idée que les missions Apollo seraient une fable est une théorie du complot de longue date. Bien que maintes fois démentie, celle-ci conserve sa popularité. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des propos au sujet de la mission Artemis sont détournés par certains internautes pour soutenir cette affirmation.
(Situation au 17.02.2023)
Liens
Publication Facebook 1/2 (version archivée)
Publication Facebook 2/2 (version archivée)
Vidéo YouTube (version archivée - vidéo archivée)
Interview de Thomas Pesquet (version archivée - vidéo archivée)
Tentative de lancement de la fusée Artemis (version archivée)
Lancement de la fusée Artemis (version archivée)
À propos de la mission Artemis (version archivée)
Portrait de Thomas Pesquet (version archivée)
Tweets de Thomas Pesquet (version archivée)
Objectifs d’Artemis I (version archivée)
Distance Apollo 11 (version archivée)
Différences entre les missions Apollo et Artemis (version archivée)
Record de distance 2022 (version archivée)
Record de distance 2022 - ESA (version archivée)
À propos d’Apollo 11 (version archivée)
Qui a marché sur la Lune (version archivée)
Enjeux de la mission Artemis (version archivée)
Apollo 11 et les théories du complot (version archivée)
Fact-check de la dpa – en allemand
Fact-check de la dpa – en français
À propos des fact-checks de la dpa
Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.
Si vous avez des objections ou des remarques, merci de les envoyer à l'adresse factcheck-schweiz@dpa.com en incluant un lien vers la publication Facebook concernée (voir le modèle à utiliser ici).
Pour plus d’informations sur la manière de soumettre une correction ou de contester une évaluation, veuillez vous référer à cette page.