Guerre en Ukraine

Une photo d'un dépôt de céréales en feu

Publié le 09.06.2022, 19:36 (CEST)

Une image partagée sur les réseaux sociaux montrerait un entrepôt en Ukraine, où l’OTAN aurait stocké des armes, détruit par les forces russes. Mais il s’agit en fait d’un dépôt de céréales.

Une photo circulant en ligne, dans laquelle on voit une large colonne de fumée s’échapper d’un site industriel, serait la preuve que les forces russes auraient récemment détruit un dépôt d’armes de l’OTAN. Celui-ci serait situé à Nikolaev, une ville portuaire du sud de l’Ukraine.

Évaluation

Rien ne suggère que l’OTAN conservait des armes sur le site en question. Celui-ci abritait notamment un dépôt de céréales, et a été touché par une frappe de l’armée russe le 4 juin 2022, selon les autorités ukrainiennes.

Faits

En faisant une recherche d’image inversée, on peut retrouver la trace de la photo partagée sur Facebook. Son origine reste incertaine, mais elle a été diffusée par le média ukrainien ZN.UA sur Telegram le 4 juin 2022. L’un de ses journalistes l’a également publiée sur Twitter, expliquant en anglais qu’un missile russe avait touché le port privé de Nika-Tera, situé dans la ville ukrainienne de Mykolaïv (Nikolaïev en russe), non loin de la mer Noire. Il ajoute qu’un dépôt de céréales se trouvait sur le site.

Une comparaison entre l’image partagée sur Facebook et le port de Nika-Tera vu d’en haut (ici, ici et ici) permet en effet de se rendre compte qu’il s’agit du même endroit, comme l’avaient déjà remarqué les fact-checkeurs de France 24. La sorte de petite tourelle bleue ciel est notamment reconnaissable.

Le 7 juin, le Group DF, qui opère le site Nika-Tera, a dénoncé dans un communiqué des « bombardements massifs » des troupes russes visant le complexe portuaire. Le terminal de Nika-Tera comprenait trois zones de fret spécialisées, a-t-il précisé : un complexe céréalier, un complexe d'engrais et un complexe traitant d'autres cargaisons en vrac. « Samedi (4 juin 2022), les terminaux portuaires ont subi les attaques les plus massives à ce jour, rendant les installations portuaires totalement inutilisables », a ajouté le groupe.

Le maire de Mykolaïv, ainsi que l’administration de la ville (ici et ici), avaient précédemment signalé que des tirs russes avaient provoqué un grave incendie dans des entrepôts qui stockaient des céréales, en relayant des images de la scène. Les évènements ont également fait l’objet d’articles des médias ukrainiens en anglais, notamment ici et ici.

L’incident a aussi été évoqué en dehors de l’Ukraine : Josep Borrell Fontelles, le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a affirmé que les forces russes avaient détruit « le deuxième plus grand terminal céréalier d’Ukraine, à Mykolaïv », tandis que des journalistes internationaux ont pu constater les dégâts via des images satellites.

Il n’existe donc aucune preuve que des armes de l’OTAN aient été stockées à cet endroit. Différents pays de l’Alliance fournissent en effet à l’Ukraine du matériel militaire tel que des armes et des munitions. Mais rien n’indique que certaines d’entre elles étaient entreposées sur le site de Nika-Tera, principalement dédié aux marchandises agricoles.

(Situation au 09.06.2022)

Liens

Publication Facebook (version archivée)

Photo sur Telegram 04/06/22 (version archivée)

Photo sur Twitter 04/06/22 (version archivée)

Localisation Nika-Tera (version archivée)

Photo Nika-Tera 1/3 (version archivée)

Photo Nika-Tera 2/3 (version archivée)

Photo Nika-Tera 3/3 (version archivée)

Fact-check de France 24 (version archivée)

Communiqué du Group DF 07/06/22 (version archivée)

Message du maire 05/06/22 (version archivée)

Message de la ville 04/06/22 (version archivée)

Message de la ville 05/06/22 (version archivée)

Article sur les bombardements à Mykolaïv 1/2 (version archivée)

Article sur les bombardements à Mykolaïv 2/2 (version archivée)

Tweet Josep Borrell Fontelles 06/06/22 (version archivée)

Images satellites de Nika-Tera (version archivée)

L’OTAN sur l’aide fournie à l’Ukraine (version archivée)

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