Un mannequin qui ne sert pas à duper le public

« Toujours plus loin dans la propagande », écrit un utilisateur de Facebook, en diffusant une photo d’un mannequin amputé d’un bras couché sur un lit d’hôpital. Elle serait tirée d’un programme de la chaîne de télévision française BFMTV. Sa légende, rédigée en anglais : « France. Les hôpitaux sont à ce point saturés à cause du variant omicron (du coronavirus, ndlr) qu’ils n’ont même plus le temps de mettre des bras aux mannequins pour (duper, ndlr) les médias » (archivé).

Évaluation

Il s’agit d’un trucage, trompeur. L'image provient d'un reportage de la télévision canadienne datant d’avril 2020, qui précise qu’il s’agit d’un exercice de formation pour le personnel soignant au Québec. Il a été diffusé bien avant qu’apparaisse le variant Omicron en France, en décembre 2021.

Faits

L’image publiée sur Facebook est, très clairement, trompeuse.

À première vue, elle semble provenir de l'émission « 22h max », diffusée sur la chaîne française d’informations continues BFMTV. Au bas de l’image, un bandeau apparaît, indiquant que le Premier ministre français, Jean Castex, a été testé positif au Covid-19, ce qui est vrai. Ce fait date du 22 novembre 2021. Une heure est affichée en haut à gauche : 22h01.

À la date du 22 novembre 2021, BFMTV n’a pas diffusé cette image du mannequin amputé d’un bras, au moins, qui est couché sur un lit d’hôpital et entouré de plusieurs membres du personnel soignant.

Elle provient d'une séquence du téléjournal de la chaîne francophone Radio-Canada datant d'avril 2020. L'image est visible à partir de 2 minutes 5 secondes environ. L'homme qui la commente est le Dr Mathieu Simon, chef de l'unité de soins intensifs de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

Le Dr Simon lui-même déclare au début du reportage que le département des malades du Covid-19 n'est pas accessible aux journalistes. Dans ce contexte, des mannequins sont utilisés pour montrer le protocole qui est suivi lorsqu'un patient touché par la maladie est admis aux soins intensifs, ainsi que pour former le personnel soignant. L'intention n'était donc pas du tout d'induire le spectateur en erreur.

Néanmoins, ce reportage a alimenté de nombreuses opérations de désinformation, tendant à démontrer que le nombre de patients admis aux soins intensifs en raison du Covid-19 est artificiellement gonflé. D'autres mannequins ont également été utilisés pour diffuser de fausses informations.

Radio-Canada a elle-même rédigé une mise au point à ce sujet en octobre 2021.

La dpa, France24 et l’AFP avaient déjà dénoncé l’information trompeuse relayée sur Facebook.

(État des lieux au 17.01.2022)