De fausses conclusions sur la santé des enfants vaccinés
25.10.2021, 17:31 (CEST)
Une étude prouverait que les enfants non vaccinés seraient en meilleure santé que les vaccinés, titre un article partagé sur un groupe Facebook en Suisse (archivé ici). Tous les vaccins ont-ils donc « toujours été une saleté pour la santé ? », s’interroge un internaute.
Évaluation
Ces affirmations sont fausses. L’étude concernée n’arrive absolument pas à cette conclusion. Les données contenues dans l'enquête ont été déformées.
Faits
L’article partagé sur Facebook se base sur une vieille étude allemande, publiée en 2011. L’article lui-même date d’ailleurs de 2015. Cette étude, réalisée dans le cadre d’une enquête en Allemagne sur la santé des enfants et adolescents (dite KiGGS) de l'Institut Robert Koch, a évalué les données relatives à la vaccination de plus de 13 000 jeunes allant jusqu’à l’âge de 17 ans, entre 2003 et 2006. Le but était de savoir si la santé des enfants et adolescents ayant reçu les vaccins recommandés dans le pays, par exemple contre la rougeole, la coqueluche ou encore le tétanos, diffère de celle des non vaccinés.
À travers cette étude, les auteurs tentent de répondre à certaines craintes liées aux vaccins, notamment concernant le développement potentiel d’allergies ou d’un affaiblissement du système immunitaire. Ces derniers expliquent que les résultats de l’enquête ne permettent pas de soutenir ces hypothèses.
L’étude conclut : « Il n’a pas été trouvé que la prévalence de maladies allergiques et d'infections non spécifiques chez les enfants et les adolescents dépende du statut vaccinal. » Toutefois, le nombre de cas de « maladies pouvant être prévenues par la vaccination était nettement plus élevé chez les sujets non vaccinés que chez les sujets vaccinés », indiquent les chercheurs.
À aucun moment ceux-ci n’établissent que les enfants et adolescents non vaccinés sont en meilleure santé que ceux qui ont été vaccinés. Au contraire, les auteurs évoquent l’importance de la vaccination dans la prévention de nombreuses maladies infectieuses et écrivent que les maladies pour lesquels des vaccins existent ont moins touché les personnes vaccinées que non vaccinées.
L’article partagé sur Facebook le 16 octobre 2021 base ses dires sur une publication d’Angelika Müller (auparavant Kögel-Schauz), qui est à l'origine d’un site web critique vis-à-vis de la vaccination et s’affiche comme informaticienne de formation. Angelika Müller présente les données du KiGGS comme étant la preuve que les enfants et adolescents vaccinés ont plus de risques de développer des allergies, des troubles du développement et autres maladies chroniques, et que la vaccination rend donc malade.
Interrogé en juin 2020 par les fact-checkers de Correctiv en Allemagne, l'Institut Robert Koch (RKI) a réfuté les conclusions d’Angelika Müller. Selon le RKI, « les normes de base de l'analyse des données scientifiques n'ont pas été respectées » et « la pondération absolument nécessaire des données a été omise », rendant ainsi « fausses toutes les valeurs de fréquence calculées ».
Une version révisée de l’article d’Angelika Müller, publiée en février 2011, montre cette fois des données pondérées mais qui sont d’après le RKI toujours incorrectes – entre autres parce que certains groupes, comme les enfants ne disposant pas d’informations claires sur leur vaccination, n'ont pas été exclus de son analyse.
En Suisse, différents vaccins sont également recommandés pour les enfants. « La vaccination est le moyen le plus efficace de protéger votre enfant contre différentes maladies potentiellement graves et leurs complications », souligne l’Office fédéral de la santé publique.
(État des lieux au 25/10/2021)
Liens
Publication Facebook (archivé)
À propos de l’Institut Robert Koch (archivé)
Publication d’Angelika Müller (archivé)
À propos d’Angelika Müller (archivé)
Site web d’Angelika Müller (archivé)
Fact-check de Correctiv (archivé)
Publication révisée d’Angelika Müller (archivé)
Les vaccins recommandés pour les enfants en Suisse (archivé)
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