Les voitures électriques partagées Autolib' ne sont pas laissées à l’abandon sur un terrain vague

6.9.2021, 13:45 (CEST)

Via un post Facebook (archivé ici), un utilisateur partage plusieurs photos sur lesquelles on peut voir des dizaines de véhicules électriques entreposés sur un terrain vague à Romorantin-Lanthenay (une commune française située à 200km au sud de Paris). L’utilisateur affirme que ces voitures électriques sont abandonnées, que personne ne s’en occupe et que surtout personne n’en veut. Il parle même d’un sérieux risque pour l’environnement.

Évaluation

Contrairement à ce que ce post sous-entend, les Autolib’ ne sont pas laissées à l’abandon. On ne peut donc pas parler de « cimetière ». Une partie des voitures a déjà été achetée et l’autre est détenue par deux entreprises françaises.

Faits

Sur les photos présentes sur le post Facebook, on voit des centaines de voitures électriques. Il s'agit en fait d'AutoLib' : un système de voitures électriques partagées qui a été mis en service en 2011 à Paris. Mais le succès n'étant pas au rendez-vous (un déficit annuel de 50 millions d'euros a effectivement été estimé), le contrat qui liait le groupe Bolloré (le constructeur des Autolib') et le syndicat Autolib’ Vélib a tout simplement été résilié. Et c'est donc cette situation qui explique que les voitures ont rapidement dû quitter la région parisienne pour être stockées dans l'urgence.

Les affirmations « personne n'en veut », ou encore « personne ne sait qu’en faire », ne sont pas correctes. En réalité, ces véhicules devraient normalement être vendus (certains ont d'ailleurs déjà été vendus), notamment à des particuliers.

Il faut également noter qu'une grande partie de ces véhicules stockés appartient désormais à deux entreprises : la société bretonne Autopuzz et la société Atis Production. La première a affirmé que tous ces véhicules étaient destinés à la revente. Le patron de la société explique d'ailleurs à ce propos qu'il s'agit d'un bon moyen pour attirer les citoyens qui hésitent à passer à l'électrique : « On a décidé de récupérer quelques véhicules. On s'est rendu compte qu'on était capable de proposer un véhicule à un prix imbattable, à savoir 4.990 euros. » D'après lui, c'est une affaire qui marche car la demande est bien là. Il vendrait 50 véhicules en moyenne tous les mois, et il prévoit même d'écouler son stock de 800 voitures avant l'été 2022. Le PDG d’Atis Production n’a lui jamais révélé ce qu’il allait faire avec les Autolib’ en sa possession.

L'utilisateur affirme aussi dans son post que « des dizaines de milliers de batteries fuient et répandent leurs produits toxiques dans les sols ». Déjà, il n'y avait que 4000 voitures Autolib' à Paris, et non «des dizaines de milliers ». En plus, d'après le gérant d'Atis Production, toutes les batteries ont été enlevées et les connecteurs ont été isolés. Il affirme, en effet, que « nos véhicules sont stockés dans les règles. Les pompiers sont au courant, le site est bien organisé ».

On voit donc qu'il est tout à fait faux d'affirmer que tous ces véhicules ont été laissés à l'abandon et qu'ils représentent un danger pour l'environnement.

Le post Facebook présuppose également que ce service de voitures partagées serait encore une autre idée des écologistes pour protéger l’environnement. Mais comme l’indique un article publié sur le site du Monde en 2018, le service a été « inauguré en grande pompe en décembre 2011. Seuls les écologistes, à l’époque, se positionnent contre. »

Ce n’est donc pas un projet que l’on peut directement associer aux Verts. Comme l’explique notamment l’association Les Amis de la Terre, qui dès le départ a dénoncé un service qui n’allait pas encourager la mobilité douce ou les transports publics. De plus, l’association déplore l’utilisation massive du lithium dans les batteries de ces voitures électriques. Une surconsommation qui pourrait être nocive pour l’environnement.

La première version de ce service a donc été un fiasco ; mais en novembre 2020, la mairie de Paris a annoncé qu'elle allait relancer le service d'autopartage AutoLib’. Cette fois-ci, elle a décidé de s'associer avec le groupe Total.

Un tout dernier élément à souligner : affirmer que tous les écologistes seraient contre le Tour de France et les arbres de Noël est une généralisation hâtive. Même s’il est vrai que certains maires en France ont exprimé leurs réticences vis-à-vis du Tour et de ces arbres, ces prises de position ont fait réagir même au sein de leurs propres camps. Comme on peut le voir dans ce reportage de la chaîne de télévision française TF1, diffusé le 11 septembre 2020 dans le journal télévisé de 20h. Ou encore dans cet article de LCI : on peut y voir une vidéo de Yannick Jadot (député européen Europe Ecologie Les Verts) qui déclare lors d’une interview, diffusée sur FranceInfo, son exaspération face aux déclarations de certains maires au sujet de la possible suppression du Tour de France dans certaines villes. Yannick Jadot parle d’un « mépris de classe ».

(État des lieux au 06/09/2021)

Liens

Publication Facebook (archivé)

Détails de la mise en service des voitures électriques partagées (archivé)

Revente des Autolib’ aux particuliers (archivé)

Patron sur le prix de la revente (archivé)

Nombre des voitures Autolib' (archivé)

Article du site Le Monde (archivé)

Site officiel Les Amis de la Terre France (archivé)

Avis de l’association Les Amis de la Terre sur les Autolib’ (archivé)

Nouveau service Autolib’ à Paris (archivé)

Reportage TF1 (archivé)

Vidéo Franceinfo (archivé)

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