Vérité scientifique
L'impact du CO2 sur le climat est un fait établi
Publié le 6.11.2024, 22:01 (CET)
Le dérèglement climatique et son origine humaine sont régulièrement mis en doute sur les réseaux sociaux. Fin octobre 2024, a par exemple resurgi une interview de l'astrophysicien américain Willie Soon, dans laquelle il souligne les bienfaits du dioxyde de carbone (CO2).
« Pourquoi les médias n'invitent jamais les nombreux scientifiques qui dénoncent l'arnaque du CO2 (0,04% de l'atmosphère) en faisant croire (...) qu'il y a un 'consensus' scientifique sur le sujet ? », s'indignent des milliers d'internautes à l'appui de cette vidéo sur X (ici et ici) et Facebook (ici). Mais ces affirmations sont trompeuses.
Evaluation
S'il est vrai que le CO2 est essentiel à la vie sur Terre, l'augmentation rapide de sa concentration dans l'atmosphère dérègle le climat. Il s'agit là d'une vérité établie sur un ensemble de preuves scientifiques vérifiables, accumulées depuis des décennies.
Faits
L'extrait partagé sur les réseaux sociaux est tiré d'une interview plus longue de l'astrophysicien américain Willie Soon, connu pour ses positions climatosceptiques et pour avoir reçu des financements de lobbys industriels. Il était interrogé, en janvier 2024, par le commentateur conservateur, proche de Donald Trump, Tucker Carlson.
Dans cet extrait, Willie Soon - ou Wei-Hock Soon de son vrai nom - revient sur les bienfaits du CO2, « un gaz essentiel à la vie », déclare-t-il. Toutefois, il passe sous silence les effets délétères du CO2 lorsque sa teneur augmente dans l'atmosphère.
Pas que des effets positifs
Si le CO2 est indispensable à la croissance des plantes - qui le convertissent en oxygène et en matière organique - il n'a cependant pas que des vertus. Comme l'affirme l'immense majorité des scientifiques, l'augmentation de sa concentration dans l'atmosphère dérègle le climat.
« Le problème, ce n'est pas le CO2, c'est son augmentation », avait déjà expliqué le glaciologue et professeur en climatologie à l'Université libre de Bruxelles, Frank Pattyn, dans un précédent fact-check de la Deutsche Presse-Agentur (dpa). « Depuis la Révolution industrielle (vers 1850), sa teneur dans l'atmosphère a significativement augmenté, passant de 280 ppm à plus de 420 ppm, alors que son niveau était stable depuis environ 10.000 ans », précise-il.
En jargon scientifique, 420 ppm (parties par million de volume d'air) signifie que pour chaque million de particules d'air présentes dans l'atmosphère, 420 d'entre elles sont des molécules de CO2 (420/1000000 = 0,042/100 = 0,042%).
Un chiffre minimisé par les climatosceptiques
Cette quantité - 0,042% - paraît infime. C'est pourquoi les climatosceptiques s'en servent régulièrement pour relativiser le réchauffement climatique et les profondes transformations qu'il requiert dans nos modes de vie.
Or même en faible proportion dans l'atmosphère, le CO2 joue un rôle majeur dans la régulation du climat, à travers l'effet de serre. Il s'agit d'un phénomène naturel par lequel le CO2 (et d'autres gaz comme le méthane, par exemple) retient une partie de la chaleur émise par notre planète.
Sans ce mécanisme, la température moyenne à la surface de la Terre serait de -18°C, au lieu de 15°C actuellement. Mais cet équilibre est fragile.
L'augmentation rapide des concentrations de gaz à effet de serre, provoquée par les activités humaines telles que la combustion du pétrole, du gaz et du charbon, amplifie l'effet de serre et fait grimper la température.
Cette augmentation a déjà donné lieu à un réchauffement d'un peu plus de 1°C depuis l'ère pré-industrielle, selon les observations de la NASA. Résultat : le monde fait face à des vagues de chaleur et sécheresses de plus en plus fréquentes, des incendies et inondations plus intenses, etc.
Accumulation de preuves robustes
La théorie du réchauffement climatique est l'une des théories les plus crédibles du monde scientifique parce qu’elle s'appuie sur l'accumulation, depuis des décennies, de très nombreux éléments de preuve vérifiables. On dit dès lors qu'elle fait consensus.
Ce terme n'implique pas nécessairement l'unanimité, mais bien la reconnaissance et la validation par une large communauté de chercheurs. Dans le cas du réchauffement climatique et de son origine humaine, le consensus scientifique atteint plus de 90%, selon plusieurs études.
(Situation au 06.11.2024)
Liens
Publication Facebook (version archivée, vidéo archivée)
Publications X I, II (versions archivées I, II)
Site web de Tucker Carlson où apparaît la vidéo originale (version archivée, vidéo archivée)
A propos de Willie Soon et de ses liens avec l'industrie (versions archives I, II)
A propos de Tucker Carlson (version archivée)
A propos du climatologue Frank Pattyn (version archivée)
A propos de la signification de « ppm » (version archivée)
A propos de l'effet de serre (version archivée)
A propos du réchauffement depuis l'ère pré-industrielle (version archivée)
A propos du consensus scientifique I, II (versions archivées I, II)
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