Arnaque

Les photos d'un berger australien utilisées pour du phishing

Publié le 28.6.2024, 11:51 (CEST)

Ils sont petits, mignons, poilus et en situation de détresse : les chiots à donner « contre bons soins ». Difficile de résister, mais attention à vos porte-monnaie !

Une histoire tragique de plus. Cette fois-ci, c’est celle d’Aiko. Une utilisatrice Facebook lui cherche un foyer, car sa prétendue mère, la maitresse du chiot, serait décédée, laissant l'animal derrière elle. Sur papier, il est à donner. En réalité, si vous répondez à cette annonce, on vous prendra bien plus que ça.

Évaluation

Cette publication est un exemple typique de tentative de phishing. Il s’agit d'une méthode bien connue et répétée. Dans ce cas, les photos pourraient bien avoir été volées sur un compte Instagram.

Faits

Le chiot montré sur l’image est un berger australien. Ce type de chien, lorsqu’il est de pure race, est vendu à un prix qui peut aller de 800 à 1600 euros chez des éleveurs certifiés.

Dons de chiots

Lorsque l’on recherche des tentatives de fraudes en ligne sur les réseaux sociaux, il suffit de taper ensemble les mots « contre bons soins », « urgent » ou « à donner ». On y trouve alors de nombreuses publications proposant de donner des chiots de pure race. Tout ceci à la suite d’un événement tragique comme la mort de la mère des chiots, le décès de la maîtresse ou du maitre du chien.

Un autre indice : les personnes publiant ce genre d’articles exhortent souvent les utilisateurs à partager la publication le plus possible, ce qui leur permet d’atteindre un grand nombre d’intéressés.

Des profils vides

Un simple clic sur le nom des utilisateurs Facebook publiant ces annonces permet d’identifier s’il s’agit d’une escroquerie ou non. Les profils sont en général presque vides à l’exception des photos de profil et éventuellement celle du chien à donner. C’est le cas de la publication concernant à Aiko.

Une photo volée

Une recherche d'image inversée sur les moteurs de recherche permet parfois de retrouver l’origine de la photo. La plupart du temps, il est difficile d’identifier la première publication, mais il est suffisant de trouver une photo de l’animal publiée à une date clairement antérieure.

C’est le cas d’Aiko que l’on peut retrouver sur le compte Instagram d’un photographe animal situé aux États-Unis. Les photos ont été publiées en 2018 et montrent le même chien que l’on peut identifier grâce aux motifs sur son pelage et à sa médaille. Aiko s’appellerait en fait Willa et serait une chienne. Le photographe ainsi qu’un utilisateur dans les commentaires mettent en lien le compte Instagram de la bergère australienne. Celui-ci n’est cependant plus actif.

Mais grâce au moteur de recherches Yandex, on peut voir quelques photos du compte @willatheaussie, qui montrent l’évolution de l’animal : jusqu'à son âge adulte. S’il s’agit bien de Willa sur la photo Facebook, celle-ci serait actuellement âgée de 6 ans et localisée sur un autre continent, loin de l’Allemagne où l’utilisatrice francophone se trouverait soi-disant.

Un chien déjà connu des fact-checkers

Mimikama, un site germanophone de fact-checking, avait déjà publié un article en juin 2023 alertant sur les tentatives de phishing sur les réseaux sociaux. La même photo avait été utilisée par un certain Maurice Carlier qui écrivait une année auparavant un texte similaire en Allemand.

Fraude en ligne

Dans la plupart des cas, les intéressés doivent contacter une personne par e-mail ou par messagerie instantanée. Il ne s’agit souvent pas de dons puisque les victimes de la fraude en viennent toujours à payer quelque chose. Même si ce sont seulement des frais de transport. Cependant, les intéressés ne verront jamais les chiots, puisqu’ils n’existent pas.

Il peut également s’agir de tentatives de « phishing », ou hameçonnage. Miguel De Bruycker, directeur du Centre for Cyber Security Belgium (CCB), explique : « Le phishing demeure le principal problème de cybersécurité qui touche les citoyens belges. Il offre aux cybercriminels une importante porte d’accès aux appareils et systèmes informatiques. (...) Les cybercriminels recourent au phishing pour diffuser des malwares, s’approprier des données personnelles ou extorquer de l’argent. »

Comme l’Office fédéral de la police criminelle allemand (BKA) l’explique sur son site : « La 'pêche' des données a également été un moyen fréquemment utilisé pour commettre des crimes sur Internet en 2023. Il s’agit de sites web ou d’e-mails frauduleux que les cybercriminels utilisent pour diffuser des logiciels malveillants et voler des données »

Ce genre d’infractions touchent les particuliers, mais aussi les entreprises. L’une des tendances que montre le « Rapport fédéral sur la cybercriminalité 2023 » est l’importance croissante de l’intelligence artificielle (IA). Elle aide à personnaliser les e-mails de phishing et éviter les erreurs linguistiques.

La cybercriminalité continue d’être à un niveau élevé en Allemagne. Particulièrement en ce qui concerne les cybercrimes qui entraînent des dommages en Allemagne, mais qui sont initiés depuis l’étranger ou depuis un lieu inconnu. Le nombre de ces crimes n’a cessé d’augmenter depuis qu’ils ont été enregistrés en 2020. En 2023, l’augmentation de ces chiffres était de 28 % par rapport à l’année précédente.

Pour l’Allemagne, il existe dans chaque région des contacts spécialisés dans le domaine de la cybercriminalité.

(Situation au 27.06.2024)

Liens

Publication Facebook (version archivée)

Prix des bergers australiens de pure race (version archivée)

Instagram - Zilkerbark - Foto 1 (version archivée)

Instagram - Zilkerbark - Foto 2 (version archivée)

Yandex - Recherche photos @wilatheaussie (version archivée)

Mimika - Fact-check sur Aiko (version archivée)

Instagram - Profil désactivé @wilatheaussie

Centre for Cyber Security Belgium (version archivée)

Rapport fédéral sur la cybercriminalité 2023 (version archivée)

Police allemande - Contact cybercriminalité (version archivée)

À propos des fact-checks de la dpa

Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.

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