Pure invention

L'OMS incapable d'arrêter et de poursuivre des citoyens

Publié le 17.6.2024, 14:15 (CEST)

L'OMS aurait l'intention d'arrêter et de poursuivre les éventuels contempteurs de la vaccination contre la grippe aviaire. Et les médias n'en parleraient pas... A raison, puisque c'est faux.

Les 194 pays membres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) auraient décidé d'arrêter les citoyens et citoyennes qui s'opposeraient publiquement au vaccin contre la grippe aviaire. De nouveaux amendements adoptés début juin leur en donneraient le droit. C'est en tout cas ce qu'avancent des publications virales sur X (ici) et Facebook (ici et ici).

Apparu en ligne début juin 2024, ce message est partagé en plusieurs langues par des internautes qui s'indignent d'un prétendu « blackout des médias ». Mais qu'en est-il exactement ?

Evaluation

Ces allégations sont fausses. Les pays membres de l'OMS ont adopté une série d'amendements au Règlement sanitaire international (RSI) début juin. Mais aucun d'entre eux n'appelle à arrêter les opposants au vaccin contre la grippe aviaire. L'OMS n’a en outre pas le pouvoir d'imposer des lois dans ses pays membres.

Faits

L'affirmation qui circule sur les réseaux sociaux trouve sa source dans un article du site web The People's Voice, publié le 6 juin dernier. Coutumier des fausses informations, ce site a déjà fait l'objet de nombreuses vérifications par la Deutsche Presse-Agentur (dpa), comme ici, ici ou encore ici.

Selon l'article en question - que l'on retrouve également traduit en français sur un blog réputé comme non fiable - l'OMS aurait décidé de serrer la vis à l'égard de ceux qui exprimeraient leur opposition à la vaccination contre la grippe aviaire. Cette décision ressortirait d'une série d'amendements approuvés début juin. Mais c'est faux. 

Révision du Règlement sanitaire international

Au cours de la 77ème Assemblée mondiale de la Santé, qui s'est déroulée du 27 mai au 1er juin dernier à Genève (Suisse), les 194 pays membres de l'OMS se sont attelés à réviser le Règlement sanitaire international (RSI).

Adopté en 1951, cet instrument juridique vise à prévenir la propagation internationale de maladies, à s'en protéger et à y riposter de façon coordonnée. La pandémie de Covid-19 a toutefois révélé certaines lacunes et poussé les pays membres de l'OMS à le réviser.

Plusieurs amendements ont donc été adoptés début juin 2024. Parmi ceux-ci, aucun ne mentionne toutefois la grippe aviaire, ni n'appelle à arrêter celles et ceux qui s'exprimeraient contre la vaccination.

« Ces affirmations sont fausses », a démenti l'OMS, dans un mail à la dpa.

Si certaines dispositions du RSI (aux pages 46 et 47 de la dernière version disponible) évoquent bien la lutte contre la désinformation, l'OMS ne prévoit cependant aucune mesure répressive. Elle n'en a pas le pouvoir.

Contacté par la dpa, le professeur de droit international de la Santé à l'Université de Georgetown, Lawrence Gostin, confirme que l'OMS n'est pas en mesure d'imposer des lois aux pays membres, pas même à travers les nouveaux amendements au RSI. « Les pays membres décident de leurs propres politiques et législations en matière de soins de santé. Le RSI ne restreint pas non plus la liberté d'expression de quiconque », souligne-t-il.

Ceci est également expliqué (ici) sur le site web de l'OMS. L'agence onusienne n'est pas habilitée à imposer des mesures sanitaires comme des confinements ou d'autres restrictions aux populations d'un pays.

Grippe aviaire : un risque faible pour la population générale

En progression aux Etats-Unis, le virus H5N1, responsable de la grippe aviaire, inquiète les scientifiques. Au cours des dernières semaines, le nombre d'infections chez les bovins laitiers n'a cessé de croître.

Depuis le début de l'année, 11 cas de contamination humaine par le virus H5N1 ont été dénombrés : cinq au Cambodge, trois aux Etats-Unis et un en Australie, en Chine et au Vietnam, selon un communiqué de l'OMS daté du 12 juin dernier.

Toutefois, aucun signe démontrant que le virus ait acquis la capacité de se propager facilement entre humains n'a été relevé. A ce jour, le danger pour la population générale reste faible, même si les scientifiques recommandent une surveillance renforcée.

En cas de pandémie, la Commission européenne a déjà pris les devants. L'exécutif a annoncé le 11 juin avoir conclu un contrat lui permettant d'acheter jusqu'à 665.000 doses d'un vaccin prévenant la transmission de la grippe aviaire aux humains.

(Situation au 17.06.2024)

Liens

Publications Facebook I, II (versions archivées I, II)

Publication X (version archivée)

Article de People's Voice (version archivée)

Article de réseauinternational.net (version archivée)

A propos de Réseau international - Conspiracy Watch (version archivée)

Règlement sanitaire international (RSI) (version archivée)

Amendements au RSI (version archivée)

A propos du Pr Lawrence Gostin (version archivée)

A propos de la portée du RSI sur les lois nationales (version archivée)

A propos de la grippe aviaire aux Etats-Unis - communiqué de l'OMS (version archivée)

A propos du risque d'épidémie - France Info (version archivée)

A propos du contrat conclu par la Commission européenne (version archivée)

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