Mise en scène
Une action militante de 2015 en Syrie liée à tort l'Irak
Publié le 7.6.2024, 17:22 (CEST)
Début juin 2016, 19 femmes issues de la minorité kurde des Yézidis ont été brûlées vives par le groupe Etat islamique (EI) à Mossoul, en Irak, selon une agence de presse kurde.
Huit ans plus tard, des internautes se remémorent cette terrible histoire sur les réseaux sociaux, comme ici et ici sur Facebook ou encore ici sur X. Ces derniers relayent une photo assez floue sur laquelle on distingue une masse de gens enfermés dans une cage, et une torche enflammée visible au premier plan. Cette image n'a pourtant rien à voir avec les Yézidis.
Evaluation
La photo a été prise en 2015 à Damas, en Syrie. Elle montre une action militante visant à dénoncer les pertes civiles causées par la guerre. Il s'agit d'une mise en scène sans lien avec l'Irak.
Faits
Grâce à une recherche d'image inversée, on retrouve la même photo, de meilleure qualité, dans un article de l'agence de presse AFP datant de 2015. On y voit un groupe d'enfants réunis dans une cage, certains avec des pancartes à la main.
L'article contient une capture d'écran d'une publication partageant cette photo dans le mauvais contexte. Plus haut, une autre image prise par un collaborateur de l'AFP montre le même évènement d'un point de vue différent.
Mise en scène
La légende de celle-ci précise que le cliché a été photographié le 15 février 2015 dans la banlieue de Damas, en Syrie. Un activiste syrien avait organisé cette mise en scène afin d'interpeller la communauté internationale sur la situation dans le pays, expliquaient plusieurs médias à l'époque.
L'action - dont des images sont aussi disponibles sur Getty - faisait écho à la mort du pilote jordanien Maaz al-Kassasbeh, brûlé vif par l'EI quelques jours plus tôt.
Or, « diffusée sans une légende contenant un minimum d'explications, une telle image peut donner lieu à toutes les interprétations », pointait justement du doigt l'AFP dans son article.
En effet, de nombreuses personnes avaient affirmé, à tort, que cette photo montrait des enfants sur le point d'être brûlés vifs par l'EI. Aujourd'hui, le cliché est de nouveau partagé dans le mauvais contexte, cette fois-ci en lien avec l'Irak.
Une tragédie à Mossoul en 2016
Début juin 2016, l'agence kurde ARA News Agency, ainsi que des militants locaux cités dans les médias, ont rapporté que l'Etat islamique avait enfermé 19 femmes yézidies dans des cages à Mossoul, en Irak, avant de les brûler vives. La raison avancée est que celles-ci auraient refusé d'avoir des relations sexuelles avec les membres du groupe terroriste.
Les Yézidis sont une minorité ethno-religieuse kurdophone vivant principalement dans le nord de l'Irak. En raison de leur religion, ces derniers font l'objet de nombreuses persécutions de la part de l'EI. En 2021, des enquêteurs des Nations unies (ONU) ont accusé l'Etat islamique de génocide à l'encontre des Yézidis.
(Situation au 07.06.2024)
Liens
Publications Facebook I et II (versions archivées I et II)
Effectuer une recherche d'image inversée sur Google (version archivée)
Résultats de la recherche d'image inversée (version archivée)
Article de l'AFP (version archivée)
Articles à propos de l'action I, II et III (versions archivées I, II et III)
Photos sur Getty I et II (versions archivées I et II)
A propos de Maaz al-Kassasbeh - RTBF (version archivée)
Fact-check de France 24 (version archivée)
A propos des 19 femmes yézidies - CNEWS et 7sur7 (versions archivées I et II)
A propos des Yézidis - Geo.fr (version archivée)
A propos des exactions de l'EI à l'encontre des Yézidis - Amnesty International (version archivée)
À propos des fact-checks de la dpa
Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.
Si vous avez des objections ou des remarques, merci de les envoyer à l'adresse factcheck-belgium@dpa.com en incluant un lien vers la publication Facebook concernée (voir le modèle à utiliser ici).
Pour plus d’informations sur la manière de soumettre une correction ou de contester une évaluation, veuillez vous référer à cette page.