Déclarations hors contexte

Une vidéo sans lien avec la politique migratoire européenne

Publié le 23.05.2024, 18:37 (CEST)

Les fake news au sujet de la politique européenne se multiplient sur les réseaux sociaux à l'approche des élections. D'anciennes vidéos refont ainsi surface, mais sans pour autant être pertinentes.

La migration est l'un des sujets majeurs des prochaines élections européennes, qui se tiendront en juin. Pourtant, l'Union européenne (UE) souhaiterait désormais « criminaliser le discours sur la migration », à en croire plusieurs internautes sur Facebook, notamment. Ces derniers partagent une vidéo d'un homme évoquant un prétendu accord qui viserait à pénaliser les critiques touchant aux politiques migratoires, et à fermer les médias qui s'exprimeraient de la sorte. Derrière lui, on aperçoit le logo du Parlement européen. Mais un tel projet est-il vraiment sur la table des 27 ?

Evaluation

Non, la vidéo en question n'a rien à voir avec l'UE. Elle est extraite d'une conférence de presse de 2018 concernant le Pacte mondial sur les migrations des Nations unies (ONU). Or ce pacte ne prévoit pas de criminaliser les discours sur les migrations, et il n'est pas contraignant au regard du droit international.

Faits

La séquence est issue d'une conférence de presse organisée en octobre 2018 par l'ENF (ENL en français, pour Europe des nations et des libertés), un groupe politique du Parlement européen renommé Identité et Démocratie (ID) en 2019.

L'homme qui s'exprime dans la vidéo est Marcel de Graaff, un politicien néerlandais membre du Parti pour la liberté (PVV), également eurodéputé. Lors de cette conférence de presse, il était accompagné de deux autres hommes politiques affiliés à des partis d'extrême droite : le Français Nicolas Bay (Rassemblement national, alors Front National) et le Belge Gerolf Annemans (Vlaams Belang). Ces derniers y évoquent une proposition des Nations unies concernant un Pacte mondial sur les migrations.

Ce pacte, finalement approuvé en décembre 2018, énonce une série de principes en matière de migration à destination de la communauté internationale. Il n'est toutefois pas contraignant, ce qui signifie que chaque Etat a le droit d'appliquer ou non ces principes.

L'un des points qui avait suscité la critique est l'Objectif 17, ayant pour ambition d'éliminer toutes les formes de discrimination. Dans ce cadre, le pacte appelle à pénaliser les crimes haineux visant les migrants (point a), mais aussi à stopper les subventions des médias qui « promeuvent systématiquement » des formes de discrimination à leur encontre (point c). Le texte souligne cependant que la pleine liberté des médias doit être respectée.

Contrairement à ce qu'avance Marcel de Graaff dans la vidéo, le pacte ne prévoit pas de criminaliser toute critique au sujet des migrations. On ne retrouve nulle trace d'une telle idée dans le texte final du pacte adopté à l'époque. Il ne s'agit pas non plus d'un projet de l'UE.

(Situation au 23.05.2024)

Liens

Publications Facebook I, II et III (versions archivées I, II et III, vidéo archivée)

A propos du groupe Identité et démocratie - Toute l'Europe (version archivée)

Conférence de presse sur YouTube (version archivée, vidéo archivée)

A propos du Pacte mondial sur les migrations (version archivée)

A propos de l'endossement du Pacte mondial sur les migrations (version archivée)

Texte complet du Pacte mondial sur les migrations (version archivée)

A propos des critiques au sujet de l'Objectif 17 - Libération (version archivée)

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