Un projet de loi controversé sur la géo-ingénierie

Une vidéo du ciel bleu de l'Etat américain du Tennessee serait la preuve de l'efficacité d'un projet de loi voté début avril 2024. La Chambre des représentants s'est prononcée contre la libération de produits chimiques dans l'air. Sur les réseaux sociaux, des internautes partagent la vidéo en question (ici et ici) en affirmant que les traînées blanches parfois aperçues dans le ciel, désignées par certains sous le nom de « chemtrails », auraient disparu 30 jours après le vote en question. Toutefois, les effets de cette loi peuvent-ils déjà être observés ? Et le projet interdit-il vraiment les « chemtrails » ?

Evaluation

Cette vidéo n'est pas une preuve d'une quelconque conséquence du projet de loi voté début avril au Tennessee. Celui-ci n'entrera en vigueur qu'à partir du 1er juillet 2024. De plus, l'amendement porte sur la limitation de la géo-ingénierie, une pratique sans lien avec la théorie des « chemtrails ».

Faits

La vidéo partagée sur les réseaux sociaux a d'abord été publiée sur un compte TikTok le 11 mai, avant d'être relayée par d'autres internautes. Le lieu exact où elle a été prise n'a pas pu être identifié. Elle ne constitue toutefois pas une preuve de l'existence des « chemtrails ».

La fausse théorie des « chemtrails »

Le terme « chemtrail » désigne une théorie, pourtant sans fondement scientifique, largement répandue en ligne. Selon ses adeptes, les traînées blanches laissées par le passage des avions dans le ciel contiendraient des produits chimiques délibérément déversés dans l'atmosphère pour nuire à la population.

Dans les faits, ces lignes blanches sont des traînées de condensation appelées « contrails ». Elles sont constituées en majeure partie de vapeur d'eau, mais aussi de certains éléments provenant de la combustion du carburant.

Une loi en vigueur le 1er juillet

La nomenclature « SB2691/HB2063 » indiquée dans la vidéo fait référence au projet de législation adopté le 1er avril 2024 et modifiant la loi existante sur la qualité de l'air dans l'Etat américain du Tennessee. Ses effets ne peuvent pas déjà être observés puisque l'amendement n'entrera en vigueur que dans quelques semaines, le 1er juillet, après la signature du gouverneur du Tennessee.

La géo-ingénierie dans le viseur

La notion de « chemtrails » n'apparaît pas dans le projet de loi. L'amendement interdit « l'injection, la libération ou la dispersion intentionnelle, par quelque moyen que ce soit, de produits chimiques, de composés chimiques, de substances ou d'appareils à l'intérieur des frontières de cet Etat dans l'atmosphère dans le but délibéré d'affecter la température, les conditions météorologiques ou l'intensité de la lumière du soleil ».

Le projet se concentre sur la géo-ingénierie, un terme qui englobe les différentes techniques utilisées par les humains pour contrôler le climat. Son utilisation, notamment dans la lutte contre le réchauffement climatique, divise à ce jour la communauté scientifique. Le projet de loi ne porte donc pas sur les « chemtrails », comme l'ont déjà signalé d'autres organisations de fact-checking.

Débats entre réalité et fiction

Les débats sur ce projet de loi ont mélangé les faits et la fiction entre géo-ingénierie et « chemtrails », selon plusieurs médias (ici et ici). Certains législateurs en faveur de l'amendement ont fait référence à un rapport de la Maison-Blanche sur la géo-ingénierie solaire, qui consiste à refroidir la planète en renvoyant les rayons du soleil dans l'espace. La Maison-Blanche a cependant indiqué ne pas mettre en œuvre de programme de recherche sur cette technique. Les législateurs du Tennessee ont aussi fait allusion à la théorie des « chemtrails » pour appuyer la mise en place de cet amendement.

La Deutsche Presse-Agentur (dpa) a déjà rédigé des fact-checks sur la théorie des « chemtrails » par le passé, à retrouver ici et ici.

(Situation au 17.05.2024)