Spéculation pure

L'Alaska appartient toujours aux Etats-Unis

Publié le 25.1.2024, 15:04 (CET)

Le président russe préparerait-il la prochaine guerre ? A en croire certains, celle-ci pourrait se dérouler en Alaska dès lors que sa vente aux Etats-Unis aurait été déclarée illégale. Or c'est faux.

Vladimir Poutine aurait-il l'intention de récupérer l'Alaska, vendue aux Etats-Unis en 1867 ? Selon de nombreux internautes, le président russe aurait signé un décret rendant cette vente « illégale ». L'Alaska serait donc un territoire « occupé », prétendent-ils.

Cette rumeur, relayée en plusieurs langues, est partagée sur de nombreuses plateformes, dont Facebook, X et Telegram. Mais elle ne repose sur aucune preuve solide.

Évaluation

Le décret relayé sur les réseaux sociaux concerne les biens immobiliers détenus par la Russie, l'ancien empire russe et l'ex-Union soviétique à l'étranger. Le texte ne mentionne l'Alaska, ni la vente de l'ancien territoire russe nulle part. L'allusion à l'Etat américain relève de pures spéculations.

Faits

A l'origine de la rumeur: un décret signé par Vladimir Poutine le 18 janvier 2024. Une recherche d'image inversée réalisée à l'aide d'une capture d'écran de la photo partagée par les internautes permet de retrouver le document original sur un site web du gouvernement russe.

Une traduction française (effectuée avec Google) indique qu'il s'agit d'un décret allouant des fonds à la société publique russe de gestion immobilière à l'étranger. Ces subventions doivent soutenir la recherche, l'enregistrement et la protection juridique de biens immobiliers appartenant à la Fédération de Russie, mais aussi à l'ancien Empire russe et à l'ex-Union soviétique.

Nulle part, le document ne mentionne toutefois l'Alaska ou tout autre élément soutenant que l'ancien territoire russe aurait été vendu « illégalement », comme l'affirment à tort les publications partagées sur les réseaux sociaux.

Dans une dépêche publiée le 19 janvier, l'agence de presse étatique Tass écrit également que « la Russie va octroyer des fonds pour la recherche de biens soviétiques et impériaux russes à l'étranger ». Mais là non plus, on ne trouve aucune référence à l'Alaska.

Interprétation maximaliste

Selon le magazine Newsweek, l'allusion à l'Etat américain viendrait d'une interprétation du texte propagée par la chaîne Telegram russe ultranationaliste et pro-militaire Two Majors.

Selon celle-ci, le décret pourrait ouvrir la voie à de nouveaux conflits territoriaux au motif de protéger les possessions russes depuis le début de l'Empire en 1721. « Nous suggérons de commencer par l'Alaska (...) », lance Two Majors, qui compte quelque 540.000 abonnés sur Telegram.

Réponses américaine et russe

Prises au sérieux par certains médias, ces allégations sont parvenues jusqu'à Washington. Interrogé sur les velléités supposées de la Russie en Alaska, un porte-parole du Département d'Etat américain a affirmé que les Russes « ne récupéreront pas » l'Alaska.

Sur X, l'ex-président russe et numéro deux du Conseil de sécurité du pays, Dmitri Medvedev, s'est amusé de la fausse polémique. « Nous attendions que [l'Alaska] nous soit rendu d'un jour à l'autre. Maintenant, la guerre est inévitable », a-t-il plaisanté, accompagnant sa réaction d'un émoji « fou rire aux larmes ».

(Situation au 24.01.2023)

Liens

A propos de la vente de l'Alaska aux Etats-Unis - RTBF (version archivée)

Publications Facebook I, II (versions archivées I, II)

Publications Twitter I, II (versions archivées I, II)

Publication Telegram (version archivée)

Recherche d'image inversée (version archivée)

Décret russe signé le 18 janvier 2024 (version archivée)

Traduction française française (version archivée)

A propos de l'agence russe de gestion immobilière à l'étranger (version archivée)

Dépêche de l'agence Tass (version archivée)

Article de Newsweek (version archivée)

Publication Telegram de Two Majors (version archivée)

A propos de la Russie impériale (version archivée)

A propos de la réponse des Etats-Unis (version archivée)

Publication X de Medvedev (version archivée)

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