Réchauffement climatique

Des épisodes neigeux plus intenses en Russie

Publié le 13.12.2023, 11:24 (CET), mis à jour le 13.12.2023, 11:26 (CET)

Le réchauffement climatique n'entraîne pas que des fortes chaleurs et des sécheresses. Dans certaines régions, il peut aussi augmenter les épisodes de précipitations neigeuses.

Début décembre, d'importantes chutes de neige se sont abattues sur plusieurs régions de Russie. À Moscou, un record journalier de précipitations a même été enregistré en 145 ans d'observation, selon la presse locale.

Sur les réseaux sociaux, cette offensive hivernale n'est pas passée inaperçue. De nombreux internautes ont partagé des photos et vidéos de la capitale russe enneigée, tout en relativisant le réchauffement climatique.

Pourtant, ces chutes de neige - aussi spectaculaires soient-elles - ne sont pas incompatibles avec l'état de la science sur le climat. Au contraire.

Évaluation

Elles sont un signe de plus du réchauffement planétaire en cours, a expliqué un climatologue à la Deutsche-Presse Agentur (dpa). Les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) confirment également que la Russie et l'Est asiatique, notamment, devraient connaître une augmentation des chutes et tempêtes de neige.

Faits

Le climat se réchauffe sous l'effet de l'accumulation des émissions de gaz à effet de serre (GES) causées par les activités humaines. C'est un fait scientifiquement établi.

L'augmentation des températures mondiales ne se traduit toutefois pas de la même façon partout dans le monde. Si le réchauffement accroît les périodes de chaleur extrême et de sécheresse, il peut aussi augmenter les épisodes de précipitations intenses. Car plus la planète se réchauffe, plus l'atmosphère peut absorber d'humidité et la libérer sous forme de précipitations (de pluie ou de neige), lit-on notamment ici.

Dans le cas des fortes chutes de neige tombées à Moscou, plusieurs facteurs peuvent expliquer leur intensité. « Il se trouve que la situation météo actuelle est favorable à des arrivées de neige et de froid du pôle. On est en hiver (météorologique, NDLR), le front polaire descend plus au sud. C'est le premier élément d'explication », décrypte Sébastien Doutreloup, chercheur au Laboratoire de Climatologie de l'Université de Liège, dans un mail à la dpa le 11 décembre 2023.

Le deuxième élément est directement lié au réchauffement climatique. Alors qu'on pourrait logiquement s'attendre à ce que les chutes de neige diminuent, la réalité est bien plus complexe.

Des précipitations neigeuses plus intenses

Dans certaines régions, une augmentation des précipitations peut entraîner une augmentation des chutes de neige au cours de l'hiver, même dans un climat plus chaud, indiquent plusieurs études scientifiques (notamment ici et ici).

À ces endroits, « le réchauffement climatique va, dans un premier temps, influencer à la hausse des épisodes de fortes chutes de neige et de tempête de neige parce que de l'air plus chaud peut accueillir plus d'humidité et donc potentiellement plus de précipitations. Et si cet air plus chaud reste sous la barre des 0°C comme en Russie, ces précipitations tomberont sous forme de neige et seront plus importantes qu'auparavant », précise Sébastien Doutreloup.

Contrairement à ce que laissent entendre les publications relayées sur les réseaux sociaux, le record d'enneigement journalier battu le 3 décembre dernier à Moscou n'a donc rien de vraiment surprenant.

Les projections du GIEC suggèrent d'ailleurs que la Russie et l'Est asiatique devraient connaître une augmentation des chutes de neige et de tempête de neige.

« Dans un deuxième temps (vers la fin du siècle), le réchauffement climatique va cependant rendre ces épisodes neigeux moins importants, car il fera tellement chaud que l'air passera au-dessus de la barre des 0°C. Ce seront donc des précipitations liquides qui tomberont. Et il y aura moins de neige », ajoute encore Sébastien Doutreloup.

La neige, cible privilégiée des climatosceptiques

Les fortes chutes de neige ou le niveau d'enneigement de certaines régions sont souvent brandis par les climatosceptiques comme preuve que le réchauffement n'existe pas.

Or bien souvent, leurs arguments se fondent sur des raisonnements fallacieux, comme l'a déjà démontré la dpa ici.

(Situation au 13.12.2023)

Liens

A propos de l'offensive hivernale en Russie - Reuters (version archivée)

A propos du record de neige à Moscou The Moscow Time - Tass (version archivée I, II)

Publications Facebook I, II, III, IV (versions archivées I, II, III (vidéo archivée), IV)

A propos de l'augmentation des précipitations - New York Times (version archivée)

A propos de Sébastien Doutreloup - ULiège (version archivée)

A propos de l'augmentation des précipiations et des chutes de neige dans les régions nordiques I, II (versions archivées I, II)

Synthèse interactive des projections du GIEC (version archivée)

Fact-check de la dpa

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