Un sommet en 1994 pour l'amélioration de la qualité de vie

D'après une publication qui circule sur Facebook, l'élite mondiale aurait pour intention de réduire la population de notre planète de plusieurs milliards à 800 millions d'individus d'ici 2030, faute de ressources. Un plan pour le moins lugubre qui aurait été approuvé par 160 pays à l'occasion d'une conférence internationale sur la population, qui se serait déroulée en 1994 au Caire, en Egypte. Des stratégies diverses auraient ainsi été mises en place à l'époque « afin d’éliminer 95% de la population humaine », avance la publication Facebook. Mais était-ce bien l'objectif de ce sommet ?

Évaluation

Non. Il n'existe aucune preuve soutenant ces affirmations. La conférence en question avait pour but de fixer des objectifs visant à améliorer la qualité de vie de la population, dans un contexte de croissance démographique. Il n'y pas trace d'un quelconque plan de réduction de la population.

Faits

La Conférence mondiale sur la population et le développement (CIPD) de 1994, la cinquième du type, a rassemblé au Caire des représentants de 179 pays - et non 160. Elle a été organisée par la Division de la population et le Fonds pour la population des Nations unies (ONU).

Toutefois, rien ne prouve que ces derniers se seraient mis d'accord pour réduire la population mondiale de manière drastique. La publication Facebook n'apporte aucune preuve tangible pour étayer ces allégations.

Le programme d'action se pose plutôt la question de savoir comment la croissance démographique peut aller de pair avec le développement durable et l'amélioration de la qualité de vie des citoyens à travers le monde. L'accent est mis « sur la satisfaction des besoins individuels des femmes et des hommes, plutôt que sur la réalisation des objectifs démographiques », comme le résume l'ONU.

Une réédition de ce programme d'action à l'occasion de son 20ème anniversaire reprend notamment les différents objectifs recommandés à la communauté internationale : « La croissance économique soutenue dans le cadre du développement durable ; l’éducation, en particulier celle des filles ; l’équité et l’égalité entre les sexes ; la réduction de la mortalité infantile, juvénile et maternelle ; et l’accès universel aux services de santé de la reproduction, y compris la planification familiale et la santé en matière de sexualité. »

D'autres conférences, comme celle à Bucarest en 1974, se sont davantage concentrées sur les défis liés à la croissance démographique, qui a connu un boom après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, comme en 1994, il n'est fait mention nulle part dans le programme d'action d'une intention de réduire la population mondiale. Au contraire, le plan adopté par les Etats membres de l'ONU à Bucarest soulignait le droit de chaque individu « de décider librement » du nombre de leurs enfants.

Un agenda de l'ONU souvent déformé

La publication Facebook est également accompagnée d'une vidéo censée présenter les « vrais buts » de l'ONU repris dans son Agenda 2030. Parmi ceux-ci figureraient notamment un accès restreint à l'eau, la « diabolisation des véhicules », et la mise en place d'un « contrôle permanent » des citoyens à l'aide de caméras et de systèmes de traçage.

Ce genre de théories revient régulièrement sur les réseaux sociaux, sous différentes formes. Il n'y a pourtant aucune preuve de l'existence de tels objectifs. La Deutsche Presse-Agentur (dpa) a déjà démenti des affirmations similaires au sujet de l'Agenda 2030 de l'ONU, par exemple ici et ici.

(Situation au 28.09.2023)