Vieille étude instrumentalisée
Aucune révélation de l'Institut Pasteur sur l'ivermectine
Publié le 25.8.2023, 12:26 (CEST)
Les chercheurs de l'Institut Pasteur, en France, auraient finalement reconnu l'ivermectine comme médicament efficace dans la prévention et le traitement du Covid-19. « Une grande victoire », se réjouit notamment une internaute sur Facebook, estimant que les vaccins ne pourront désormais plus être « obligatoires ». Mais est-ce bien là les conclusions tirées par l'institut de recherche ?
Évaluation
Non. L'Institut Pasteur n'a jamais établi l'efficacité de l'ivermectine chez les humains, a-t-il déclaré à la Deutsche Presse-Agentur (dpa). Une étude a été réalisée à ce sujet en 2021, mais sur des animaux. En outre, les différentes recherches effectuées dans ce domaine n'ont pas permis de démontrer que l'ivermectine était efficace contre le Covid-19.
Faits
Aucune source n'est fournie dans la publication Facebook pour étayer ces affirmations. Une recherche permet de constater que l'Institut Pasteur n'a publié qu'une seule étude au sujet de l'ivermectine et du Covid-19, en juillet 2021. Il n'y a eu aucune autre étude à ce sujet depuis, a confirmé son service de presse dans un e-mail à la dpa le 24 août 2023.
Une recherche sur des animaux
De plus, l'étude de 2021 ne prouve pas que l'ivermectine, un médicament utilisé contre certaines maladies parasitaires, est efficace contre le Covid-19 chez les humains.
« L'Institut Pasteur n'a jamais évalué (et encore moins confirmé) l'efficacité de l'ivermectine chez l'Homme comme traitement contre la Covid-19 », a-t-il souligné.
L'étude en question est une étude pré-clinique, c'est-à-dire une première phase de recherche conduite sur des animaux. Les chercheurs ont conclu que l'ivermectine pouvait atténuer certains symptômes du Covid-19 chez l'animal. Ces données ne concernent donc pas les humains.
« Pour confirmer ou infirmer cet effet chez l'Homme, il est essentiel de mener des essais cliniques et de se référer aux résultats de ces essais cliniques uniquement. En effet, une étude pré-clinique n'est pas suffisante pour envisager un usage médical », a indiqué l'Institut Pasteur à la dpa.
Cette étude avait déjà fait l'objet d'interprétations erronées à l'époque de sa publication, et est depuis régulièrement utilisée par les défenseurs de l'ivermectine comme traitement contre le Covid-19.
Deux ans plus tard, il n'a toujours pas été prouvé que l'ivermectine était un remède efficace pour prévenir ou traiter la maladie, comme l'a expliqué la dpa entre autres ici et ici. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que l'Agence européenne des médicaments (EMA), continuent de déconseiller son utilisation dans ce cadre.
Une « obligation » exagérée
L'autrice du message sur Facebook estime également qu'il n'existe désormais plus aucune raison pour que les vaccins anti-Covid soient « obligatoires ».
En Belgique, la vaccination contre le Covid-19, bien que très fortement recommandée, n'a jamais été obligatoire. Un projet de loi instaurant une obligation vaccinale pour les soignants avait longuement été débattue avant d'être approuvée par la commission de la Santé en mai 2022. Mais celle-ci n'était finalement pas entrée en vigueur, les autorités ayant jugé que la situation épidémiologique de l'époque ne nécessitait pas une telle mesure - un avis qui pourrait être réévalué à l'avenir en cas de nouveau pic de contaminations.
(Situation au 25.08.2023)
Liens
Publication Facebook (version archivée)
A propos de l'Institut Pasteur (version archivée)
Etude de l'Institut Pasteur de 2021 (version archivée)
A propos des études pré-cliniques (version archivée)
Fact-checks de la dpa sur l'étude I et II
Fact-checks de la dpa sur l'ivermectine I et II
Recommandations de l’OMS sur l’ivermectine et le Covid-19 (version archivée)
Recommandations de l’EMA sur l’ivermectine et le Covid-19 (version archivée)
A propos de la vaccination contre le Covid-19 (version archivée)
À propos des fact-checks de la dpa
Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.
Si vous avez des objections ou des remarques, merci de les envoyer à l'adresse factcheck-belgium@dpa.com en incluant un lien vers la publication Facebook concernée (voir le modèle à utiliser ici).
Pour plus d’informations sur la manière de soumettre une correction ou de contester une évaluation, veuillez vous référer à cette page.