Sécheresse en France

Deux tiers des nappes phréatiques sous les normales

Publié le 21.06.2023, 12:35 (CEST)

Si le niveau des cours d'eau peut révéler un état de sécheresse, il n'est toutefois pas le seul indicateur, comme le suggèrent certains internautes. D'autres paramètres entrent en ligne de compte.

Après un hiver particulièrement pauvre en précipitations, les autorités françaises craignent un nouvel épisode de sécheresse cet été.

Pour de nombreux internautes, le risque ne serait toutefois pas aussi alarmant que l'annonce le gouvernement, vu les niveaux des cours d'eau. Dans le sud de la France, ceux-ci seraient supérieurs aux normales de saison. C'est en tout cas ce que montre une carte, non datée, largement relayée sur Facebook depuis la mi-juin.

Mais le niveau des lacs, fleuves et rivières est-il suffisant pour évaluer le risque de sécheresse ?

Évaluation

Non, ces allégations se fondent sur un raisonnement trompeur. Le risque de sécheresse est évalué sur base de plusieurs indicateurs, dont celui des niveaux des eaux de surface. Mais le calcul tient également compte de nombreux autres paramètres, comme l'état des nappes phréatiques, dont deux tiers présentent des niveaux sous les normales mensuelles.

Faits

Après une sécheresse estivale historique en 2022, la France craint de voir se reproduire le même scénario cet été. En avril dernier, 47 départements étaient déjà en situation de vigilance, d’alerte ou de crise après un hiver particulièrement sec.

Depuis lors, la pluie est tombée de façon hétérogène, permettant d'humidifier les sols dans certaines régions, tandis que d'autres présentent encore un fort déficit de précipitations.

En mai, après un début de mois assez perturbé, le nord du pays n'a plus connu de pluies significatives lors de la deuxième quinzaine, selon le service public d'information sur l'eau Eaufrance.

Sur la moitié sud en revanche, une forte instabilité a généré de nombreux orages accompagnés de précipitations localement intenses. Ces pluies ont été particulièrement abondantes dans la région des Pyrénées, sur le quart sud-est du pays et la Corse.

Ces averses ont certes contribué à alimenter les cours d'eau, dont les niveaux sont élevés dans certaines parties du sud de la France, comme on peut le constater sur cette carte du 20 juin 2023, issue du site Info Sécheresse.

Mais cet indicateur à lui seul n'est pas suffisant pour évaluer le risque de sécheresse.

Les publications qui minimisent ce risque à l'appui d'une capture d'écran non datée de cette carte, omettent notamment de tenir compte du niveau des nappes souterraines, importants réservoirs d'eau potable.

Des pluies peu efficaces pour les nappes

En France, c'est le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui est chargé de surveiller le niveau des nappes phréatiques.

Selon son dernier bilan, publié le 14 juin 2023, la situation hydrologique demeure peu satisfaisante sur une grande partie du pays, avec 66% des niveaux des nappes sous les normales mensuelles.

Les pluies de mai ont eu un impact sur les nappes du sud et du centre du pays. Mais sur le pourtour méditerranéen, par exemple, les précipitations ont principalement permis d’humidifier les sols et d’alimenter la végétation. Elles ont rarement réussi à s’infiltrer en profondeur et sont restées peu efficaces pour les nappes, souligne le BRGM.

Ainsi, dans le sud-est de la France - dans le Roussillon, en Provence et à la Côte d'Azur -, les eaux souterraines enregistrent des niveaux très bas.

Des restrictions d'eau dans une quarantaine de départements

En France, les deux principaux facteurs de sécheresse sont le manque de pluie et les prélèvements d'eau.

Lorsque les précipitations sont insuffisantes par rapport aux normales de saison sur une durée donnée, principalement en hiver et au printemps, lorsqu'elles sont normalement abondantes, alors ce manque de pluie empêche les nappes phréatiques de se recharger comme elles le devraient, indique le Centre de l'information sur l'eau.

Selon le BRGM, l’évolution de la situation des nappes souterraines dépendra de leur réactivité, des cumuls pluviométriques locaux, de l’évapotranspiration (quantité d'eau qui s'évapore par le sol et par les plantes, NDLR) et des demandes en eau.

C'est pourquoi au 20 juin, une quarantaine de départements avaient annoncé des mesures de restriction d’eau au-delà de la vigilance. La majorité d'entre eux se situent dans le nord, le centre et le sud-est du pays.

(Situation au 21.06.2023)

Liens

Publications Facebook I, II, III (versions archivées I, II, III)

Sécheresse historique en 2022 (version archivée)

A propos des 47 départements touchés en avril - version archivée

A propos de l'hiver particulièrement sec (version archivée)

A propos des précipitations hétérogènes (version archivée)

Bulletin d'Eaufrance (version archivée)

Carte des cours d'eau du 20 juin 2023 - version archivée

Site web Info Sécheresse (version archivée)

A propos des indicateurs de sécheresse (version archivée)

Etat des nappes phréatiques ces derniers mois (version archivée)

Dernier bilan du BRGM (version archivée)

A propos des conditions de sécheresse (version archivée)

A propos des départements concernés I - version archivée

A propos des départements concernés II (version archivée)

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