Rumeur infondée

L'ivermectine déconseillée contre le Covid-19 en Australie

Publié le 11.05.2023, 22:24 (CEST)

En Australie, les médecins pourront à nouveau prescrire de l'ivermectine hors indication. Mais cela ne signifie pas pour autant que le médicament est recommandée pour le traitement du Covid-19.

D'après des publications devenues virales sur les réseaux sociaux, l'Australie viendrait de lever toute restriction de prescription de l'ivermectine à usage oral pour traiter le Covid-19.

« L'ivermectine déclarée officiellement traitement contre le Covid », s'écrie l'un d'eux sur Facebook. « Énorme nouvelle », se réjouit un autre. « À quand pareil en Europe et en Belgique ? », s'enquiert un troisième sur le réseau social. La rumeur va également bon train sur Twitter.

Mais est-ce bien vrai ? L'Australie se serait-elle finalement « rendue », comme l'affirment certains internautes, en autorisant l'ivermectine pour le traitement du Covid-19 ?

Évaluation

Non, ces allégations sont fausses. L'Australie a récemment levé les restrictions de prespecription de l'ivermectine « hors AMM », à savoir hors autorisation de mise sur le marché pour certaines affections. Mais les autorités sanitaires du pays continuent de déconseiller ce médicament dans la prévention et le traitement du Covid-19.

Faits

Le 3 mai dernier, la Therapeutic Goods Administration (TGA), qui réglemente les produits thérapeutiques en Australie, a annoncé lever les restrictions de prescription de l'ivermectine « hors AMM », soit hors autorisation de mise sur le marché, à compter du 1er juin 2023.

Concrètement, cela signifie qu'à partir de cette date, l'ivermectine - un médicament utilisé contre les parasites - pourra être prescrite hors indication et ne sera plus limitée à certaines pathologies ciblées, comme la gale ou encore la cécité des rivières (onchocercose).

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes, convaincus des supposées vertus de cet antiparasitaire contre le Covid-19, se sont empressés de crier victoire.

Pourtant, la TGA est formelle : l'ivermectine n'est pas recommandée pour le traitement et la prévention du Covid-19. Ceci est écrit noir sur blanc dans son avis publié le 3 mai, dont seul un extrait est relayé sur les réseaux sociaux.

Les autorités australiennes continuent donc de déconseiller l'antiparasitaire contre les infections au SARS-CoV-2, le virus qui cause la maladie Covid-19.

Une restriction décrétée en 2021

Au plus fort de la pandémie, en 2021, l'Australie avait décidé de restreindre la prescription de l'ivermectine à usage oral face à la consommation croissante de ce médicament, vanté sur les réseaux sociaux comme un traitement miracle contre le Covid-19.

Les autorités craignaient des risques potentiels pour la santé des consommateurs et une éventuelle pénurie du traitement pour ses utilisations approuvées.

« Les doses d'ivermectine dont l'utilisation est recommandée contre le Covid-19 dans des publications non fiables sur les réseaux sociaux et d'autres sources sont nettement plus élevées que celles approuvées et jugées sans danger pour la gale ou le traitement des parasites », avait notamment expliqué la TGA au journal britannique The Guardian.

Peu avant, un homme avait été admis aux urgences dans un hôpital de Sydney pour avoir ingéré une surdose d'ivermectine et d'autres médicaments supposés efficaces contre le Covid-19, selon plusieurs médias.

D'autres hôpitaux ailleurs dans le monde avaient également tiré la sonnette d'alarme.

Deux ans plus tard, le Covid-19 a toutefois perdu du terrain. Pour la TGA, « il existe des preuves suffisantes que les risques de sécurité pour les individus et la santé publique sont faibles lorsque l'ivermectine est prescrite par un médecin généraliste dans le climat sanitaire actuel », indique l'instance dans son avis publié le 3 mai.

De plus, « étant donné les taux élevés de vaccination et d'immunité hybride contre le Covid-19 en Australie, il est peu probable que l'utilisation de l'ivermectine par certaines personnes compromette désormais la santé publique », poursuit-elle.

Une efficacité non prouvée

Depuis le début de la pandémie, le recours à l'ivermectine dans la prévention et le traitement du Covid-19 suscite autant d'intérêt que de désinformation, comme l'a déjà montré la dpa.

De nombreuses études ont été conduites pour évaluer l'efficacité de l'antiparasitaire contre le Covid-19. Mais jusqu'à présent il n'y a pas de preuves scientifiques suffisamment solides pour conclure à son efficacité et son innocuité avec certitude, selon la dernière revue Cochrane, qui fait référence dans le milieu scientifique.

Durant la pandémie, le laboratoire américain Merck, qui commercialise des médicaments à base d'ivermectine, avait par ailleurs lui-même affirmé dans un communiqué qu'il n'existait, à ce stade des analyses, « aucune base scientifique prouvant que l'ivermectine présentait un effet thérapeutique avéré pour lutter contre le covid-19 ».

À ce jour, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande toujours de ne pas utiliser l'ivermectine pour traiter le Covid-19 en dehors des essais cliniques. C'est également le cas de la Food and Drug Administration (FDA), aux États-Unis, et de l'Agence européenne des médicaments (EMA), dans l’Union européenne.

(Situation au 11.05.2023)

Liens

Publications Facebook I, II, III (versions archivées I, II, III)

Publications Twitter I, II (versions archivées I, II)

Décision des autorités sanitaires australiennes - 2023 (version archivée)

Décision des autorités sanitaires australiennes - 2021 (version archivée)

Sur la consommation croissante de l'ivermectine en Australie (version archivée)

Sur la promotion de l'ivermectine sur les réseaux sociaux (version archivée)

Sur le surdosage d'ivermectine I, II et III (versions archivées I, II et III)

Fin de l'urgence sanitaire mondiale (version archivée)

Sur le taux de vaccination contre le Covid-19 (version archivée)

Fact-check de la dpa sur l'ivermectine

Dernière revue Cochrane (version archivée)

Déclaration du laboratoire Merck (version archivée)

Déclaration de l'OMS (version archivée)

Déclaration de la FDA (version archivée)

Déclaration de l'EMA (version archivée)

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