Des experts partis enquêter sur une explosion d'usine

Un récent crash d'avion dans l'Arkansas fait l'objet d'une certaine suspicion de la part d'internautes sur Facebook et Twitter. Les passagers et le pilote, tous décédés, étaient des employés d'une société américaine de conseil en environnement. D'après les publications sur les réseaux sociaux, ils auraient eu pour mission d'enquêter sur les dommages environnementaux causés par la catastrophe ferroviaire survenue à East Palestine début février. Mais ces scientifiques allaient-ils vraiment investiguer sur l'accident de train dans l'Ohio ?

Évaluation

Non, les personnes à bord de l'avion qui s'est écrasé fin février n'allaient pas enquêter sur le déraillement du train à East Palestine. L'équipe se dirigeait bien vers l'Ohio, mais pour enquêter sur une explosion intervenue dans une usine à Bedford, qui n'avait rien à voir avec la catastrophe ferroviaire. De plus, le gouvernement fédéral américain a apporté de l'aide aux habitants à la suite de la catastrophe d'East Palestine, contrairement à ce qu'a avancé Donald Trump.

Faits

Le 22 février 2023, un petit aéronef transportant cinq passagers s'est écrasé au sud du Bill and Hillary Clinton National Airport, près de Little Rock, dans l'Arkansas. Le crash s'est produit peu après le décollage et n'a laissé aucun survivant. Cet évènement a été couvert par différents médias, dont AP, CNN et la BBC.

Les passagers, dont le pilote, étaient tous des employés de l'entreprise CTEH, spécialisée dans le domaine de la toxicologie et de l'environnement. La compagnie a informé la dpa que l'équipe à bord de l'aéronef se rendait à Bedford, une banlieue de Cleveland dans l'Ohio, pour enquêter sur une explosion dans une usine de métal. Cette même information a aussi été donnée à USA Today et Kark, la télévision locale de Little Rock.

L'enquête sur les causes de l'accident d'avion suit son cours depuis le 23 février. Le National Weather Service avait émis une alerte des conditions météorologiques dangereuses peu de temps avant le crash. Le National Transportation Safety Board (NTSB) a confirmé que les enquêteurs vérifieront le rôle des conditions météorologiques, ainsi que d'autres facteurs, dans le crash de cet avion.

L'équipe de la CTEH se rendait donc bien dans l'Ohio, mais pas pour enquêter sur le déraillement du train à East Palestine.

Incident d'East Palestine

Le 3 février dernier, un train de marchandises de la compagnie ferroviaire Norfolk Southern transportant des produits chimiques a déraillé dans le village d'East Palestine, dans l'Ohio. Trente-huit wagons sont sortis du rail et douze autres ont été endommagés à cause de l'incendie qui s'est déclaré à la suite du déraillement. Onze des vingt voitures du train contenant des produits dangereux, dont du chlorure de vinyle considéré comme cancérigène, ont déraillé.

Selon le rapport préliminaire du National Transportation Safety Board, qui a analysé une vidéo de surveillance, le déraillement du train aurait été causé par la surchauffe d'une roue.

Aucune victime n'a été déplorée. Afin d'éviter que le chlorure de vinyle n'explose au contact de l'incendie, les autorités ferroviaires ont procédé à des rejets volontaires « contrôlés » de ce produit dans l'environnement.

La catastrophe d'East Palestine a déjà fait l'objet de différents articles de vérification par la dpa, à retrouver ici en français ou ici et ici en néerlandais.

Analyse de la toxicité 

L'agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA) continue de récolter des échantillons de l'air, des sols, des eaux de surface et des sédiments sur la zone concernée par l'accident. Elle les analyse pour déterminer les niveaux de toxicité dans la région. L'agence a aussi ordonné à la Norfolk Southern de payer le nettoyage de ce village de l'Ohio. 

Un mois après la catastrophe, les habitants d'East Palestine sont toujours inquiets quant aux effets de ces produits chimiques sur le long terme. De nombreuses personnes rapportent des problèmes de santé tels que des maux de tête, nausées et étourdissements.

Selon des sources officielles, des milliers d'animaux aquatiques sont morts à la suite de la catastrophe. Mary Mertz, directrice du département des ressources naturelles de l'Ohio, a déclaré au Washington Post qu'il faudra un certain temps pour que l'écosystème de la région ne se rétablisse.

Aide gouvernementale

Le 22 février, Donald Trump s'est rendu à East Palestine pour apporter un soutien matériel aux habitants. L'ancien président américain, en lice pour 2024, a tenu un discours lors duquel il a vivement critiqué la réponse fédérale à cette catastrophe, la qualifiant de « trahison » et pointant du doigt la visite surprise de Joe Biden en Ukraine, plutôt qu'en Ohio.

Si l'actuel président américain ne s'est pas rendu sur place, le gouvernement fédéral est toutefois intervenu à la suite de l'incident. Une fiche d'information de la Maison Blanche liste les différentes aides fédérales qui ont été déployées. Des agences américaines comme l'agence de protection environnementale (EPA), le bureau national de la sécurité des transports (NTSB), le département des transports (DOT) et l'agence fédérale des situations d'urgence (FEMA) sont intervenus sur place et poursuivent leur appui.

L'assistance du gouvernement fédéral auprès de la communauté d'East Palestine a aussi fait l'objet d'une vérification par la plateforme de fact-checking américaine FactCheck.org. 

(Situation au 10.03.2023)