Une prévention bénéfique

Les vaccins contre les HPV suscitent des craintes infondées

Publié le 09.03.2023, 14:18 (CET)

La vaccination contre les papillomavirus (HPV), qui sont responsables de plusieurs types de cancer, serait-elle dangereuse pour les adolescents ? Les données scientifiques démontrent le contraire.

Alors que le président français Emmanuel Macron a récemment annoncé la généralisation de la vaccination contre les HPV dans les collèges de France, des internautes contestent la sécurité des vaccins utilisés. Pour justifier leur opposition à la vaccination, certains avancent le malaise d'une vingtaine d'élèves de l'Athénée provincial de Morlanwelz (en Belgique) à la suite d'une campagne vaccinale contre les HPV en novembre 2022.

Évaluation

Selon les experts, les craintes émises à l'égard des vaccins autorisés contre les HPV sont infondées. Les effets indésirables sont connus et bénins pour la plupart. La balance des bénéfices/risques de la vaccination reste favorable.

Faits

En novembre 2022, 18 élèves de l'athénée de Morlanwelz ont présenté des symptômes d’évanouissement, de nausées, de malaise et de fièvre à la suite d'une campagne de vaccination contre les HPV effectuée par les services de Promotion de la Santé à l’École (PSE), dépendants de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). L'information avait été relayée par plusieurs médias, dont La Libre Belgique, Le Soir ou encore la RTBF.

Avertie de l'incident, l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS), garante de la qualité des produits de santé en Belgique, assure avoir suivi la procédure en vigueur dans pareille situation. « Le lot a été mis en quarantaine par mesure de précaution. Les investigations n'ont révélé aucun défaut de qualité du vaccin. Les événements qui ont mené à la mise en quarantaine du lot (malaises, maux de tête, nausées, vomissements) sont des effets indésirables bénins et connus du vaccin Gardasil 9, en ligne avec le profil de sécurité décrit dans la notice », affirme l'AFMPS à la dpa.

Une réaction due au stress

La survenue d'un malaise après l'administration d'un vaccin est un phénomène bien connu des experts et décrit dans la littérature scientifique. « Un évanouissement ou un malaise peut se produire après toute vaccination, voire avant, comme réaction d’anxiété, surtout chez les adolescents, autour de la procédure de vaccination. Il s’agit d’un effet indésirable qui n’est pas lié au produit vaccinal injecté, mais au stress lié à l’acte vaccinal », explique à la dpa le Dr Paloma Carillo Santisteve, responsable du programme de vaccination pour la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) à la Direction santé de l’Office de la Naissance et de l'Enfance (ONE).

Dans le cas des malaises survenus à l'athénée de Morlanwelz, « un effet de groupe a probablement aussi joué un rôle », ajoute-t-elle.

Ces réactions d'anxiété à l'égard de la vaccination sont également décrites dans une note de synthèse de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les papillomavirus. « Comme c’est le cas pour de nombreux vaccins, des cas de syncope postvaccinale ont été notifiés », indique l'OMS, selon qui « moyennant une préparation appropriée, il est possible de limiter la fréquence de ces événements et d’éviter les complications associées ».

Des données scientifiques rassurantes

Toujours selon l'OMS, depuis l'homologation, en 2006, du premier vaccin destiné à prévenir les maladies liées aux papillomavirus humains, plus de 500 millions de doses de vaccin anti-HPV ont été distribuées à travers le monde.

En Belgique, deux vaccins contre les HPV sont actuellement autorisés sur le marché : le Cervarix et le Gardasil 9, selon l'AFMPS.

Si une douleur au point d'injection, des maux de têtes, des nausées, de la fièvre ou un malaise peuvent apparaître, ces symptômes sont généralement temporaires et disparaissent spontanément.

« La surveillance post-homologation n’a relevé aucun problème de sécurité grave à ce jour, à l’exception de rares cas d’anaphylaxie », précise l'OMS dans sa note de synthèse, mise à jour en 2022.

L'organisation y écarte également un quelconque lien avec la survenue de maladies auto-immunes et une association éventuelle avec l'infertilité.

La balance bénéfices/risques reste positive

En Fédération Wallonie-Bruxelles, les malaises signalés à Morlanwelz n'ont eu aucune incidence sur la politique vaccinale. « Cet incident, bien que désagréable et éprouvant pour ceux et celles qui l’ont subi, ne remet aucunement en question l’importance de la vaccination contre les HPV, ni la politique de vaccination », souligne le Dr Paloma Carillo Santisteve.

Selon l'AFMPS, la balance bénéfices/risques (qui mesure le risque d'un traitement par rapport à ses bénéfices) reste positive.

En Belgique, le Conseil supérieur de la Santé (CSS) recommande la vaccination préventive généralisée des filles et des garçons de 9 à 14 ans inclus ainsi qu'une vaccination de rattrapage pour les adolescents et adultes de 15 à 26 ans, qui n'ont pas pu bénéficier de la vaccination préventive. Le vaccin est également conseillé aux personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies, comme celles ayant subi une transplantation ou vivant avec le virus du VIH/sida.

Si les garçons sont également concernés, c'est parce que les dernières connaissances scientifiques montrent que certains HPV peuvent entraîner, outre le cancer du col de l'utérus, un risque accru d'autres cancers comme ceux de la bouche, de la gorge ou de l'anus, précisent le CSS ici et la Fondation contre le cancer ici.

Chaque année, plus de 1.000 nouveaux cas de cancer imputables aux HPV sont diagnostiqués en Belgique, dont un quart environ se manifestent chez des hommes, souligne aussi le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) dans un rapport de 2019.

Des études limitées mais favorables

À ce jour, il existe encore peu de données prouvant l'efficacité des vaccins anti-HPV contre les cancers en tant que tels.

L’impact de la vaccination - qui en FWB est proposée gratuitement aux jeunes filles depuis 2011 et aux garçons depuis 2019 - sera visible au cours des prochaines années, car il faut attendre que les premières cohortes de jeunes filles vaccinées atteignent l'âge de rentrer dans les programmes de dépistage du cancer du col de l’utérus (qui se développe le plus souvent entre 10 et 30 ans après une infection aux HPV). Les effets positifs de la vaccination mettront donc longtemps avant d’être mesurables, précise également ici la Fondation contre le cancer.

Les experts disposent cependant déjà de données jugées favorables sur plusieurs indicateurs précoces, comme la réduction des infections aux papillomavirus ou des lésions précancéreuses du col de l’utérus. En Australie, où la vaccination des jeunes filles contre les HPV a été introduite en 2007, une étude montre par exemple que les infections détectées dans les frottis de jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans sont passées de 22,7% à 1,5% en dix ans dans les États australiens de Victoria et de New South Wales.

Il est néanmoins établi que la vaccination ne protège pas contre tous les types de HPV. Des dépistages réguliers restent donc nécessaires, recommandent ici la Fondation contre le Cancer et ici la plateforme de référence sur la vaccination en Belgique francophone vaccination-info.be.

(Situation au 09.03.2023)

Liens

Publication Facebook (version archivée)

Annonce d'Emmanuel Macron (version archivée)

Article de La Libre Belgique (version archivée)

Article du Soir (version archivée)

Article de la RTBF (version archivée)

AFMPS (version archivée)

Notice Gardasil 9 (version archivée)

Note de synthèse de l'OMS (version archivée)

Avis du Conseil supérieur de la Santé (version archivée)

Fondation contre le cancer (version archivée)

Rapport du KCE (version archivée)

À propos de l'efficacité des vaccins (version archivée)

Étude australienne (version archivée)

À propos du dépistage des HPV - Fondation contre le cancer (version archivée)

À propos du dépistage des HPV - Vaccination-info.be (version archivée)

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