Rumeur infondée

Des ambassadeurs présents lors des séismes en Turquie

Publié le 20.02.2023, 17:45 (CET)

Quinze jours après les séismes survenus en Turquie et en Syrie, certains avancent que des ambassadeurs auraient été évacués 24 heures avant la catastrophe. Il n'existe pourtant aucune preuve de cela.

Des ambassadeurs en Turquie auraient été évacués à la veille des violents tremblements de terre du 6 février 2023. C'est en tout cas ce que suggèrent des internautes sur les réseaux sociaux. Une liste des pays qui auraient effectué cette évacuation anticipée est largement partagée, dans différentes langues, depuis quelques jours. Est-ce vrai ?

Évaluation

Il n'existe aucune preuve soutenant cette affirmation. Cinq ambassades des pays concernés ont démenti la rumeur. Quelques jours avant le premier tremblement de terre, certains consulats ont décidé de fermer leurs portes au public temporairement pour des raisons de vigilance contre d'éventuelles attaques terroristes.

Faits

Toutes les ambassades mentionnées dans cette liste, parmi lesquelles figureraient notamment la Belgique, la France, l'Allemagne ou encore les Pays-Bas, ont été contactées par la dpa. Cinq d'entre elles ont répondu, et ce, dans le même sens : leur ambassadeur n'a pas été évacué 24 heures avant les séismes.

L'ambassade de France en Turquie a assuré la présence de son ambassadeur lors des tremblements de terre. Idem du côté belge, où le Service Public Fédéral (SPF) Affaires étrangères a aussi confirmé que l'ambassadeur n'a pas été évacué du pays la veille des séismes. Même élément de réponse de la part de l'ambassade d'Italie en Turquie : l'ambassadeur se trouvait à Ankara.

Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand a aussi indiqué que leur ambassadeur était en Turquie lors des tremblements de terre. Du côté des Pays-Bas, leur ambassadeur se trouvait chez lui, à Ankara, pendant le premier tremblement de terre et à l'ambassade durant le second séisme, a-t-on précisé.

Fermeture des consulats à Istanbul

Une fermeture temporaire de certains consulats à Istanbul quelques jours avant les tremblements de terre pourrait expliquer une potentielle confusion.

Le 21 janvier 2023, un exemplaire du Coran a été brûlé à proximité de l'ambassade de Turquie à Stockholm par un militant d'extrême droite suédo-danois. Cet autodafé a déclenché la colère de centaines de musulmans, notamment en Iran, en Irak et au Liban. Là-bas, des manifestants se sont rassemblés pour brandir des Corans et mettre le feu à des drapeaux suédois.

À la suite de ces événements, une alerte de sécurité a été émise le 27 janvier par l'ambassade américaine en Turquie pour avertir quant au risque d'actes terroristes contre des lieux de culte ou des endroits fréquentés par les Occidentaux. L'information a été relayée par certains gouvernements comme le Royaume-Uni, la France ou encore le Canada.

Neuf consulats occidentaux à Istanbul ont alors choisi de fermer leurs portes par vigilance contre ces potentielles attaques terroristes. Parmi ceux-ci figurent certains des pays pointés du doigt comme ayant évacué leurs ambassadeurs avant les séismes, à savoir le Canada, les États-Unis, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France.

Cette action de fermeture a déclenché une certaine colère et incompréhension du côté des autorités turques. Le ministre turc de l'Intérieur a estimé que cette menace terroriste n'avait pas lieu d'être et s'intégrait dans « une nouvelle guerre psychologique contre la Turquie ». Le ministre turc des Affaires étrangères a quant à lui insisté sur le fait qu'aucun des neuf pays n'avait communiqué aux autorités turques des informations sur cette potentielle menace terroriste.

Une quinzaine de suspects ayant des liens avec Daech et les zones de conflits en Syrie ont été arrêtés début février par les autorités turques. Cependant, le département de police a annoncé n'avoir décelé aucune preuve de projection d'attaques contre des consulats ni contre des lieux de cultes.

Séismes non prévisibles

Les publications sous-entendent que ces tremblements de terre, ayant à ce jour ôté la vie de près de 47 000 personnes, étaient prévisibles ou faisaient l'objet d'une manipulation humaine.

L'Institut d'études géologiques américaines (USGS) en charge de la surveillance de l'activité sismique aux États-Unis et à travers le monde, souligne que ni leur organisme, ni aucun autre scientifique n'a jamais prédit un séisme majeur. Les scientifiques de l'USGS peuvent seulement calculer la probabilité qu'un séisme se produise dans une zone spécifique au cours d'un certain nombre d'années.

Récemment, la dpa s'est penchée sur l'origine de la catastrophe et a pu établir qu'elle était naturelle et non pas artificielle.

(Situation au 20.02.2023)

Liens

Publication Facebook I, II (version archivée I, II)

Tweet I, II, III (version archivée I, II, III)

Ambassade de France en Turquie (version archivée)

SPF Affaires étrangères (version archivée)

Ambassade d'Italie en Turquie (version archivée)

Ministère des Affaires étrangères allemand (version archivée)

Ambassade des Pays-Bas en Turquie (version archivée)

Coran brûlé en Suède (version archivée)

Manifestations anti-Suède (version archivée)

Ambassade des États-Unis en Turquie (version archivée)

Notice de sécurité par l'ambassade américaine (version archivée)

Gouvernement britannique sur le risque terroriste en Turquie (version archivée)

Tweet « La France à Istanbul » (version archivée)

Gouvernement canadien sur le risque terroriste en Turquie (version archivée)

Avis de la Turquie à propos de la menace terrorsite (version archivée)

La Turquie renforce ses opérations contre Daech (version archivée)

Les autorités turques sur la fermeture des consulats (version archivée)

Bilan décès Turquie et Syrie (version archivée)

USGS sur la prédiction des tremblements de terre (version archivée)

Fact-checking de la dpa sur l'origine du séisme

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