Port du masque

L'étude de Cochrane faussement interprétée

Publié le 10.02.2023, 11:47 (CET)

Les masques ont toujours été au cœur du débat depuis le début de la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui encore, leur efficacité est remise en doute.

FFP2, masques chirurgicaux, faits maison – différents types de masques ont été utilisés contre la propagation du Covid-19. Une étude générale réalisée par le célèbre réseau de recherche Cochrane semble donner de l’eau au moulin des opposants au masque, qui pensent voir leurs arguments confirmés. Les masques seraient-ils inutiles contre le virus ?

Évaluation

La méta-analyse dont il est question résume des recherches sur plusieurs virus respiratoires. L’infection par le SARS-CoV-2 (le virus qui cause la maladie Covid-19) n’en est qu’une petite partie. L’étude de l’organisation Cochrane ne permet, que de manière très limitée, de tirer des conclusions sur l’efficacité des masques contre les infections au Covid-19. Dire que l’étude prouve l’inutilité des masques est faux.

Faits

Les auteurs de l’étude de l'organisation Cochrane, spécialisée dans la recherche médicale, regroupent les résultats de plusieurs recherches sur l’efficacité des mesures non pharmacologiques - telles que la quarantaine, le lavage des mains et le port du masque.

Au total, ils examinent 78 études, y compris des travaux sur le virus de la grippe, l’agent pathogène Covid SARS-CoV-2 et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). La majorité des enquêtes se réfèrent aux hautes saisons pour les virus respiratoires jusqu’en 2016, et non à la pandémie de Covid-19.

Sur la base des études examinées, les auteurs écrivent que le port de masques dans la population est susceptible d’avoir peu ou pas d’effet sur l’apparition de maladies telles que la grippe et le Covid-19. Cependant, ils limitent l’importance des résultats : « Le risque élevé de biais, les différences dans la mesure des résultats et le niveau relativement faible d’adhésion aux mesures au cours des périodes d’étude rendent difficile de tirer des conclusions claires », soulignent-ils.

Dans quelles mesures les masques protègent réellement contre le virus reste à être étudié. Les auteurs parlent de « lacunes dans la recherche ».

Dans un communiqué, la branche allemande de l’organisation Cochrane recommande d’éviter les « vastes interprétations » sur les réseaux sociaux. « L’étude Cochrane n’est pas très significative », observe Eberhard Bodenschatz, professeur de physique et directeur de l’Institut Max Planck pour la dynamique et l’auto-organisation à Göttingen, dans une interview accordée à l’agence de presse allemande (dpa).

Un problème majeur de l’étude serait qu’elle combine diverses maladies respiratoires telles que le Covid-19 et la grippe normale.
« Nos études ont clairement montré que les masques sont physiquement une formidable protection », explique Eberhard Bodenschatz. Selon lui, ils amélioreraient d’au moins dix à cent fois le facteur de protection contre les infections. Les différentes études individuelles que Cochrane rassemble seraient donc difficilement comparables.

Eberhard Bodenschatz critique également les auteurs : « Dans une phrase, ils écrivent que les masques ne fonctionnent pas, et un paragraphe plus loin, ils admettent qu’ils ne peuvent pas vraiment l’affirmer. » Un type de communication que le professeur juge regrettable.

Diverses analyses scientifiques ont montré depuis longtemps que les masques protègent contre l’infection au Covid-19. Une étude de synthèse de 2020, publiée dans la célèbre revue The Lancet, démontre que les masques de protection peuvent restreindre le risque d’infection de manière conséquente.

Une autre étude publiée fin 2021 dans la revue PNAS, dans laquelle Eberhard Bodenschatz a été impliqué de manière significative, montre que les masques peuvent réduire considérablement le risque d’infection au Covid-19 : si une personne non infectée et une personne infectée portent des masques FFP2 bien ajustés, le risque maximal d’infection après 20 minutes est inférieur à un pour mille, même à une distance particulièrement réduite et dans un espace fermé.

(Situation au 10.02.2023)

Liens

Publication Facebook (version archivée)

Résumé de l'étude (version archivée)

Prise de position de Cochrane 02.02.2023 (version archivée)

Étude The Lancet (version archivée)

Étude de la Max-Planck-Gesellschaft (version archivée)

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