Vidéo mal interprétée
Des utérus artificiels qui relèvent de la science-fiction
Publié le 22.12.2022, 14:31 (CET)
La première installation d’utérus artificiels au monde, appelée EctoLife, serait à présent opérationnelle. Des captures d'écran d'une vidéo censée présenter le projet, dans laquelle on voit des bébés dans des couveuses, comptabilise des centaines de partages sur Facebook. Cette technologie pourrait aider les parents infertiles à concevoir, ou encore à booster la natalité dans certains pays. Quelque 30 000 bébés par an pourraient y voir le jour, selon la vidéo. Des images dystopiques qui inquiètent et font réagir. Mais appartiennent-elles à la réalité ?
Évaluation
La vidéo a été mise au point par un dénommé Hashem Al-Ghaili, un vulgarisateur scientifique et cinéaste. Il y imagine à quoi ressemblerait un avenir dans lequel on pourrait donner la vie de manière artificielle. Bien que cette idée ne soit pas nouvelle, sa concrétisation n’est pas encore d’actualité. Il n’est pour le moment pas possible de faire grandir un bébé de cette façon, et de nombreux seuils éthiques et scientifiques devraient être franchis avant que cela ne devienne réalité.
Faits
La vidéo complète est disponible sur la chaîne YouTube d'Hashem Al-Ghaili depuis le 9 décembre 2022. Ce dernier se décrit comme un « communicateur scientifique » et cinéaste basé à Berlin. Ses contenus mélangent vulgarisation scientifique et récits de science-fiction, ce qui peut parfois être déroutant.
Hashem Al-Ghaili qualifie lui-même EctoLife de « concept ». Il ne s’agit pas d’une véritable entreprise où des bébés sont mis au monde artificiellement. Il précise justement qu’un tel projet est actuellement impossible à mettre en œuvre en raison des restrictions légales qui encadrent la recherche sur les embryons humains.
Toutefois, il n’est pas totalement exclu que ce qui est considéré comme de la science-fiction à notre époque devienne un jour réalité. Des recherches à ce sujet existent, mais n’ont pour l’instant pas dépassé le stade expérimental. Jusqu'à présent, la durée record de culture d'un embryon humain in vitro est de 13 jours. Celle-ci a cependant été dépassée avec des embryons d’origine animale.
Développement limité
L’avancement de ce genre de recherches sur des sujets humains est en grande partie bloqué par une recommandation largement appliquée dans la communauté scientifique, et qui est inscrite dans la législation de nombreux pays. Celle-ci interdit le développement d’embryons humains en laboratoire au-delà de 14 jours.
Ces dernières années, certains scientifiques ont appelé à repousser cette limite des 14 jours afin de permettre une recherche plus approfondie, notamment pour mieux comprendre comment éviter les fausses couches ou guérir l’infertilité.
Cela a poussé la Société internationale pour la recherche sur les cellules souches (ISSCR) à abandonner cette directive en 2021. L’ISSCR suggère désormais « qu'un processus spécialisé de régulation scientifique et éthique » évalue si les objectifs scientifiques d’une étude « nécessitent et justifient la durée de culture au-delà de 14 jours, tout en veillant à ce que seul un nombre minimal d'embryons soit utilisés pour atteindre les objectifs de recherche ».
De nombreux pays, y compris la Belgique, continuent malgré tout de limiter le développement des embryons in vitro à 14 jours. L’idée de mettre au point des utérus artificiels est donc encore loin d’être généralisée, d'autant plus qu'elle pose beaucoup de questionnements éthiques.
(Situation au 22.12.2022)
Liens
Publication Facebook 1/3 (version archivée)
Publication Facebook 2/3 (version archivée)
Publication Facebook 3/3 (version archivée - vidéo archivée)
Vidéo sur YouTube (version archivée - vidéo archivée)
À propos d'Hashem Al-Ghaili (version archivée)
Publication Facebook d'Hashem Al-Ghaili (version archivée)
Utérus artificiels en Chine (version archivée)
Durée record (version archivée)
Tests sur les animaux (version archivée)
Limite par pays - Future Medecine (version archivée)
Débat sur la directive des 14 jours (version archivée)
Changement directive ISSCR (version archivée)
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