Un projet européen pour augmenter la production de puces

Un projet européen sur les puces électroniques serait-il une étape supplémentaire vers le transhumanisme ? Ce courant de pensée, qui vise à améliorer l’être humain via des procédés scientifiques, est souvent au cœur de théories conspirationnistes – notamment l’idée qu’une élite mondiale voudrait à terme placer des implants dans notre cerveau pour mieux nous contrôler. Une vidéo d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et de Klaus Schwab, le fondateur du Forum économique mondial, est détournée dans ce sens sur les réseaux sociaux (comme ici et ici). Ces derniers y évoquent les puces électroniques, ainsi que leur production au sein de l’Union européenne. Une phrase de Klaus Schwab est notamment mise en exergue par les internautes : « Une étape importante pour créer un cerveau physique pour la numérisation. »

Évaluation

Ursula von der Leyen et Klaus Schwab discutent d’un projet européen visant à augmenter la production de puces au sein de l’UE. Ils ne parlent pas d’implants dans le cerveau humain. Klaus Schwab utilise le mot « cerveau » métaphoriquement, comparant l'industrie de la fabrication de puces au système nerveux.

Faits

Les déclarations d’Ursula von der Leyen et de Klaus Schwab sont extraites d’une vidéo plus longue publiée le 20 janvier 2022 sur le site du Forum économique mondial, une organisation connue pour sa réunion annuelle à Davos, en Suisse.

Elles ont été faites dans un contexte de pénurie dans la production des puces électroniques. L’Union européenne a donc jugé important de pallier à cette dépendance en encourageant la production de cette technologie au sein du bloc des 27. Les micropuces sont désormais omniprésentes dans notre société, que ce soit dans les ordinateurs, les équipements médicaux ou encore les voitures.

C’est pourquoi Ursula von der Leyen a annoncé un paquet législatif européen sur les semi-conducteurs (le European Chips Act). L’objectif est notamment de porter la capacité de production de puces électroniques en Europe à 20 % du marché mondial d’ici 2030 – contre 10 % aujourd’hui. Le projet a été validé par le Conseil de l'Union européenne le 1er décembre 2022, mais doit encore être soumis au Parlement européen avant que le texte de loi final ne soit négocié.

C’est de cela que parle la présidente de la Commission européenne dans la vidéo. Ni elle ni Klaus Schwab ne mentionnent une utilisation de ces puces pour être implantées dans le cerveau humain.

Klaus Schwab, très souvent la cible de théories du complot, réagit simplement avec enthousiasme à l’annonce d’Ursula von der Leyen. Sa phrase exacte, à partir de 22:47, est la suivante : « Je voudrais souligner ce que vous avez dit à propos de la loi européenne sur les puces, car c'est une étape importante pour créer le cerveau physique pour la numérisation, et de l'avoir située dans la mesure du possible en Europe. »

Mais cette phrase n’équivaut pas à un plan lié au transhumanisme, ou à une volonté de « créer des Frankenstein », comme l’affirment certains internautes. L’économiste allemand a déjà été interrogé auparavant au sujet des puces électroniques implantées dans le cerveau, comme ici en 2016. Si celui-ci avait estimé qu'il serait possible d'imaginer une telle chose à l’avenir, il ne s’y était montré ni favorable ni défavorable.

Des applications qui font débat

Des projets visant à implanter des puces électroniques dans le cerveau humain existent bel et bien. Le plus médiatisé (et aussi controversé) est certainement celui du milliardaire Elon Musk, avec sa start-up Neuralink. Il voudrait ainsi augmenter les capacités intellectuelles des humains, ou encore redonner leur mobilité à des personnes paralysées. Mais la vidéo d’Ursula von der Leyen et Klaus Schwab n’est pas la preuve d’un plan similaire de la part de l’Union européenne.

D’autres allégations faites en ligne sur Ursula von der Leyen et Klaus Schwab sont par ailleurs fausses. L’idée qu’Ursula von der Leyen n’a pas été élue à la tête de la Commission européenne, ou qu’elle et Klaus Schwab ont des liens avec le nazisme, ont été démenties par la dpa par le passé.

(Situation au 02.12.2022)