Arnaque aux chiots

Charlie la bergère australienne s'appelle en fait Otis

Publié le 17.06.2022, 16:48 (CEST)

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses images de chiots aux histoires tragiques sont partagées. On leur cherche un foyer pour de meilleurs jours. Malheureusement, il s'agit très souvent d'arnaques.

Cette jolie femelle est un berger australien à l'histoire tragique – elle s’appelle Charlie. Charlie est à la recherche d'un nouveau foyer, car sa maîtresse est décédée dans un accident de voiture. C’est en tout cas ce que prétendent de nombreuses annonces partagées dans différents groupes Facebook en Belgique, au Luxembourg et plus encore.

Évaluation

Charlie est en fait un mâle de presque deux ans à présent (en date du 17.06.2022). Il s’agit d’une fraude destinée à soutirer des données ou de l’argent aux personnes intéressés par l’adoption de l’animal.

Faits

Le chiot montré sur l’image est un berger australien. Il est important de savoir que ce type de chien, lorsqu’il est de pure race, est vendu à un prix situé entre 1000 et environ 2000 euros.

Dons de chiots

Lorsque l’on recherche des tentatives de fraudes en ligne sur les réseaux sociaux, il suffit de taper les mots « 3 mois » en association avec « urgent à donner » pour trouver son bonheur. En effet, nombreux sont les chiots de pure race à donner contre de bons soins après avoir vécu une situation tragique : la mère des chiots décédée à la naissance, la maîtresse du ou des chiots décédée, etc.

Et bizarrement, tous ces chiens sont âgés de trois mois et quelques semaines. Les personnes publiant ce genre d’articles exhortent souvent les utilisateurs à partager la publication le plus possible, ce qui leur permet ainsi d’atteindre un grand nombre d’intéressés.

Cette annonce a été publiée par la même personne dans plusieurs groupes belges, luxembourgeois, et également en France.

Des profils vides

Un simple clic sur le nom des utilisateurs Facebook publiant ce type de posts permet d’approfondir le doute. Les profils sont presque vides et la seule publication qui y apparaît est celle de Charlie, ainsi qu'un post similaire avec la photo d'un autre chien.

Une photo volée

Une recherche inversée sur les moteurs de recherche permet parfois de retrouver l’origine de la photo. La plupart du temps, il est difficile d’identifier le patient zéro, mais il est suffisant de trouver la même photo publiée à une date clairement ultérieure.

C’est le cas de cette photo que l’on retrouve sur le compte Instagram d’un certain Otis. Otis est un berger australien né en septembre 2020 et vivant dans le Nord-Ouest Pacifique – au Canada, ou au États-Unis. La photo utilisée pour l’hameçonnage a été prise en janvier 2021. Aujourd’hui, ce mâle est âgé d’un an et neuf mois (en date du 17.06.2022). Il est possible d’identifier l’authenticité de la photo, car l’évolution de l’animal en tant que chiot jusqu’à son âge actuel a été documentée sous forme de photos et vidéos.

Fraude en ligne

Dans la plupart des cas, les intéressés doivent contacter une personne par e-mail ou par messagerie instantanée. Il ne s’agit souvent pas de dons puisque les victimes de la fraude en viennent toujours à payer quelque chose. Même si ce sont « seulement » des frais de transport. Cependant, les intéressés ne verront jamais les chiots, puisqu’ils n’existent pas. Le 9 septembre 2021, la dpa avait publié un témoignage, à ce propos.

Il peut également s’agir de tentatives de « phishing », ou hameçonnage. Miguel De Bruycker, directeur du Centre for Cyber Security Belgium (CCB), explique : « Le phishing demeure le principal problème de cybersécurité qui touche les citoyens belges. Il offre aux cybercriminels une importante porte d’accès aux appareils et systèmes informatiques. (...) Les cybercriminels recourent au phishing pour diffuser des malware, s’approprier des données personnelles ou extorquer de l’argent. »

Comme la police belge l’explique sur son site, « le terme "phishing" vient de "password harvesting fishing" et couvre en fait toutes les activités de "pêche" de données personnelles, de quelque façon que ce soit ». De nombreuses campagnes sont menées en Belgique afin d’alerter et de sensibiliser quant au problème du phishing.

Une tendance qui, selon le CCB, semble être à la hausse. Le site belgium.be précise : « Le seul objectif est de forcer l'internaute à se connecter pour ensuite lui soutirer de l'argent par divers moyens, le plus souvent à l'aide de sites factices. » Il est également conseillé de rester vigilant avec les prises de contact par SMS, email ou même par téléphone.

La police belge ajoute que les données bancaires, de cartes de crédit ou de comptes en ligne sont très souvent ciblées. Les identifiants et mots de passe d’adresses électroniques ou de réseaux sociaux sont eux aussi régulièrement soutirés, par exemple en invoquant la sécurité des comptes concernés.

(Situation au 17.06.2022)

Liens

Publication Facebook Belgique 1/6 (version archivée)

Publication Facebook Belgique 2/6 (version archivée)

Publication Facebook Belgique 3/6 (version archivée)

Publication Facebook Belgique 4/6 (version archivée)

Publication Facebook Belgique 5/6 (version archivée)

Publication Facebook Belgique 6/6 (version archivée)

Publication Facebook Luxembourg (version archivée)

Prix moyen des bergers australiens pure race (version archivée)

Instagram - Compte d'Otis (version archivée)

Fact-check de la dpa

Centre for Cyber Security Belgium (version archivée)

Belgium.be - Prévention phishing (version archivée)

Police.be - Phishing (version archivée)

À propos des fact-checks de la dpa

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