Pas d’abandon de souveraineté à l’OMS

01.05.2022, 09:39 (CEST)

« Voilà, étape suivante de la dictature financière ! Les Etats abandonnent à l'OMS (les big pharma) l'obligation vaccinale, pour un oui ou un non ! La décision sera actée le 12 mai lors de la conférence internationale sur la COVID! (sic)», soutient un internaute, sur Facebook, en partageant un tweet et une vidéo relatifs au « Traité international sur les pandémies » qui est en cours d’élaboration. (Version sauvegardée.)

Évaluation

Erreurs. D’une part, le traité international est toujours en cours de négociation et ne sera pas prêt le 12 mai ; d’autre part, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est depuis toujours investie par la communauté internationale d’une mission de coordination dans le domaine de la santé.

Faits

L’auteur du message, sur Facebook, partage un tweet affirmant : « La députée européenne Christine Anderson parle du Traité International sur les pandémies qui transférerait une grande partie des pouvoirs à l'OMS en cas de pandémie. » A l’appui de ses dires, l’auteure du message sur Twitter diffuse une vidéo que Christine Anderson a publiée sur sa chaîne YouTube.

Christine Anderson est membre du parti allemand de droite populiste « Alternative für Deutschland » (AfD), qui est intégré, au Parlement européen, au sein du groupe «Identité et Démocratie ».

Dans sa vidéo, elle affirme entre autres que (traduction de l’allemand) : « Cette initiative est un signal d’alarme. Le plan est d’accorder à l’OMS, en cas de pandémie, des pouvoirs exécutifs étendus. Les modifications du traité visent à conférer à l’OMS le pouvoir de gouverner de facto sur les Etats membres en cas de pandémie, sans implication ni consultation des gouvernements ou parlements nationaux. »

Christine Anderson et les auteurs des messages qu’elle a inspirés mettent la charrue avant les bœufs et font preuve d’une certaine méconnaissance du fonctionnement de l’OMS.

« Le processus en vue de parvenir à un futur traité international sur les pandémies - le statut légal (traité ou autre) est encore à décider - n'est pas à confondre avec la conférence du 12 mai », écrit à la dpa Johannes Kleis, membre du service de presse du Conseil de l’Union européenne (l’institution décisionnelle qui regroupe les Etats membres de l’UE) qui suit ce dossier.

« Les négociations pour un futur traité ont lieu au sein de l'Organisation mondiale de la santé (OMS); la conférence du 12 mai est organisée par les États-Unis et l'Allemagne, entre autres. »

Ceci n’a rien à voir avec cela, donc, ce qui amène Johannes Reis à affirmer : « Les négociations ne seront certainement pas achevées le 12 mai. »

L’attaché de presse renvoie à différents communiqués ou dossiers publiés par le Conseil de l’UE.

On apprend ainsi que, le 3 mars 2022, le Conseil de l’UE « a adopté une décision autorisant l’ouverture des négociations au nom de l’Union pour un accord international sur la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies et en vue d’amendements complémentaires au règlement sanitaire international (… )».

On lit : « L'instrument énoncerait les objectifs et les principes fondamentaux, de façon à structurer l'action collective nécessaire pour lutter contre les pandémies.

L'instrument énoncerait les objectifs et les principes fondamentaux, de façon à structurer l'action collective nécessaire pour lutter contre les pandémies.

Une convention, un accord ou un autre instrument international sur les pandémies permettrait d'accroître les efforts et de les faire converger sur:

la détection précoce et la prévention des pandémies;

la résilience face à de futures pandémies;

la réaction à d'éventuelles futures pandémies, notamment en assurant un accès universel et équitable à des solutions médicales, telles que les vaccins, les médicaments et les diagnostics;

le renforcement du cadre international en matière de santé, l'OMS jouant le rôle d'autorité de coordination en ce qui concerne les questions sanitaires mondiales;

le concept "Une seule santé", qui établit un lien entre la santé humaine, la santé animale et la santé de notre planète.

Plus précisément, un tel instrument peut renforcer la coopération internationale dans un certain nombre de domaines prioritaires, tels que la surveillance, les alertes et la réaction, mais aussi la confiance générale dans le système de santé international. »

Cette décision se fonde sur une décision de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS ; l’organe décisionnel suprême de l’OMS) extraordinaire du 1er décembre 2021 « qui acte la création d’un organe intergouvernemental de négociation (INB) chargé d’élaborer et de négocier une convention, un accord ou un autre instrument international de l’OMS sur la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies (…) ».

Un document de la France, qui occupera jusqu’à la fin de juin 2022 la présidence tournante de l’UE, précise à ce sujet : « L’Organe intergouvernemental de négociation a tenu sa première réunion les 24 février, 14 et 15 mars derniers et a permis l’élection du candidat de l’Union, Monsieur Roland Driece (NL), à la vice-présidence. Des travaux inter-sessionnels pour identifier les éléments de fond de l’instrument sont à venir, et une 2ème réunion de l’INB, au plus tard le 1er août 2022, examinera l’avant-projet et identifiera la disposition de la Constitution de l’OMS au titre de laquelle l’instrument sera adopté (statuant ainsi sur le caractère contraignant ou non de l’instrument). Le projet d’instrument devrait être examiné à l’AMS de 2023, pour une adoption à l’AMS de 2024. »

Rien n’est acquis, donc, même si le Conseil de l’UE le rappelle, sur son site internet : «L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a été créée en 1948 en tant qu'autorité directrice et coordonnatrice dans le domaine de la santé au niveau international. Elle compte 194 États membres, répartis dans six régions, et plus de 150 bureaux, et elle œuvre pour améliorer la santé de tous et de toutes, partout dans le monde. »

Rien de très étonnant, donc, à ce qu’elle prenne en charge la coordination de la lutte contre les pandémies au niveau mondial, même si les Etats auront toujours le dernier mot en la matière.

(État des lieux au 29.04.2022) 

Liens

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