Les civils paient le prix fort, en Ukraine

02.03.2022, 18:41 (CET)

« Pour tous ceux ça intéresse au delà des mensonges des médias mainstream (sic) », écrit une utilisatrice de Facebook, en partageant ce message : « Je rappelle à tous que les Russes n’attaquent pas les civils Ukrainiens, uniquement les installations militaires qui massacraient dans le silence assourdissant des médias, des provinces Russes de l’Ukraine (sic). » (Version sauvegardée)

Évaluation

Entre le 24 février, deux jours après le lancement de l’offensive russe en Ukraine, et le 1er mars, l’Organisation des Nations unies (ONU) a enregistré au moins 550 victimes civiles du conflit, dont 142 morts.

Faits

L’auteure du message partage un article de « RT France », daté du 24 févier. Son titre : « Opération militaire russe : rien ne menace la population civile, assure Moscou. » Contenu de l’article : «Le ministère russe de la Défense a assuré que les frappes sont effectuées avec des armes de haute précision visant exclusivement des infrastructures militaires, et ne menacent donc pas la population civile ukrainienne. Alors qu'une opération militaire russe est en cours dans le Donbass, Moscou a affirmé que seuls les sites militaires étaient visés par ses frappes. »

RT (ex-Russia Today) est un média contrôlé par le Kremlin, comme Sputnik. Depuis le 2 mars, l’Union européenne a interdit la diffusion de leurs articles et vidéos sur son territoire. Elle les accuse de désinformation.

Chiffres à l’appui, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) donne raison aux Vingt-Sept.

Le « rapport de situation », quotidien, que l’Ocha a publié en fin de journée le 1er mars indique en effet qu’entre le 24 février et le 1er mars 2022, le conflit en Ukraine a fait « au moins » 550 victimes civiles. 142 d’entre elles, dont 13 enfants, sont mortes. Les premières victimes civiles ont été recensées dès le premier jour de l'attaque russe contre l'Ukraine, c'est-à-dire avant la publication sur Facebook.

Lors d’un briefing, le 1er mars, Liz Throssell, porte-parole de la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a relevé « qu’il ne s'agit là que du nombre de victimes que nous avons pu vérifier. Le bilan réel est probablement beaucoup plus élevé. » Elle a ajouté que la plupart des blessés et morts ont été victimes « de l'utilisation d'armes explosives ayant une large zone d'impact, notamment des tirs d'artillerie lourde et des systèmes de roquettes à lancement multiple, ainsi que de frappes aériennes ».

Alors que la situation s’aggrave d’heure en heure, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), dont le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont également tiré le signal d’alarme.

L’armée russe porte-t-elle l’entière responsabilité de ces pertes civiles ? Il n’y a aucune certitude.

Le 1er mars, sur Facebook, Oleg Synegubov, le gouverneur régional de Kharkiv, la deuxième ville la plus importante d’Ukraine (environ 1,5 million d’habitants) après la capitale Kiev, a par exemple affirmé que 21 personnes avaient été tuées et 112 autres blessées lors de bombardements russes, sur place.

La Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, est plus prudente quant aux « massacres » perpétrés en Ukraine.

Le 11 décembre 2020, la procureure générale de la Cour, Fatou Bensouda, avait indiqué que toutes les conditions étaient réunies pour mener une enquête sur d’éventuels crimes de guerre et contre l’humanité menés depuis 2014 en Ukraine, « par les différentes parties au conflit ».

Le 28 février 2022, son successeur, Karim Khan, a annoncé son intention d’ouvrir une enquête sur la « situation en Ukraine », où « il y a des raisons de croire » que des crimes de guerre et contre l’humanité sont perpétrés, de tous côtés.

(État des lieux au 02.03.2022)

Liens

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