Une campagne de prévention sur les AVC sans lien avec les vaccins anti-Covid
11.2.2022, 20:22 (CET)
Une affiche met en lumière les signes avant-coureurs d’un AVC et explique comment les identifier chez les enfants. « Vous trouvez normal de trouver ces pub dans le métro », s’interroge un internaute belge sur Facebook. Il poursuit : « Si ça c’est pas une preuve que big pharma sait que c’est dangereux pour nos enfants alors je sais pas ce qu’il vous faut comme preuve ! » (sic.)
Évaluation
Cette affiche a été lancée dans le cadre d’une campagne de prévention sur les AVC en France. Elle n’a cependant aucun rapport avec les vaccins contre le Covid-19, contrairement à ce qui est sous-entendu sur Facebook.
Faits
L’affiche photographiée montre le visage d’un enfant avec la phrase suivante : « Chaque minute compte, c’est peut-être un AVC (accident vasculaire cérébral, ndlr) ». Une autre phrase indique que les signes d’un AVC chez les enfants sont les mêmes que pour les adultes: paralysie d’un côté du corps, déformation du visage, troubles de la parole. « En urgence, appelez le 15 », peut-on aussi lire.
Il s’agit donc clairement d’une campagne de prévention française, puisque le numéro 15 correspond au Samu, le service d'aide médicale d'urgence en France. En Belgique, le numéro à composer en cas d’urgence médicale est le 112, qui est aussi le numéro d'appel d'urgence européen.
On distingue également plusieurs logos sur l’affiche, dont celui du Samu-Urgences de France et celui du Fonds de dotation France-AVC, qui a notamment pour but d’améliorer les connaissances du public sur les accidents vasculaires cérébraux.
Un AVC survient lorsque la circulation sanguine vers ou dans le cerveau est interrompue par un vaisseau sanguin bouché (AVC ischémique) ou, dans de plus rares cas, par un vaisseau sanguin rompu (AVC hémorragique). Une prise en charge la plus rapide possible est primordiale afin de limiter les séquelles.
Pas de lien avec la vaccination
L’affiche partagée sur Facebook fait partie d’une campagne de prévention plus large lancée par le Fonds de dotation France-AVC. Celle-ci a été déployée dans plusieurs gares de France entre novembre et décembre 2021.
Elle ne cible pas spécifiquement les enfants. Il existe en réalité cinq affiches similaires : une montrant un enfant, une montrant une main adulte, une avec un homme, une avec une femme et une avec une personne âgée.
Le fait d’avoir inclus la photo d’un enfant servait simplement à montrer que les AVC ne touchent pas que les adultes. Selon Françoise Benon, la présidente du Fonds de dotation France-AVC, entre 1 000 et 2 000 enfants par an sont en effet concernés en France. Le ministère français de la Santé évalue quant à lui ce nombre entre 500 et 1000 enfants.
Certains internautes ont rapidement établi un lien entre cette campagne et la vaccination contre le Covid-19 (par exemple ici sur Twitter), y voyant la preuve que celle-ci serait dangereuse. À l’instar de la Belgique, la vaccination contre le Covid-19 a été étendue en France aux enfants âgés de 5 à 11 ans en décembre 2021. La campagne de prévention de France-AVC a donc été lancée avant que cette tranche d’âge ait pu se faire vacciner.
En outre, cette campagne n’a aucun rapport avec la vaccination contre le Covid-19, a confirmé Françoise Benon à la dpa. Il n'est pas inhabituel de solliciter le soutien de laboratoires pharmaceutiques pour ce genre de campagnes. Dans le cas de cette affiche, le Fonds de dotation France-AVC a notamment fait appel au laboratoire Boehringer Ingelheim en tant que partenaire. Mais cela ne veut pas dire qu'il existe un lien avec les vaccins. Ce laboratoire ne fabrique d'ailleurs pas de vaccin contre le Covid-19, a précisé Françoise Benon.
« Le but de toutes ces campagnes est la prévention de l’AVC, l’alerte pour faire le 15, et n’a absolument aucun rapport » avec la vaccination anti-Covid, a-t-elle souligné.
Des cas rares
Mêmes si les AVC sont beaucoup plus rares chez les enfants que chez les adultes, ceux-ci ne sont pas inexistants. Les cas pédiatriques représentent environ 1 % des AVC en France, selon le Centre national de référence de l'AVC de l'enfant (CNRAVC).
Des campagnes de sensibilisation à ce sujet avaient d’ailleurs déjà été lancées en France avant l’apparition du Covid-19 (par exemple ici), comme l’a remarqué l’AFP, qui a également enquêté sur le sujet en décembre 2021.
Les spécialistes interrogés par l’AFP en France ont d’ailleurs assuré « ne pas avoir observé une hausse du nombre d'AVC depuis le lancement de la campagne de vaccination anti-Covid » dans le pays, et qu’ « aucune donnée n'appuie à ce stade la thèse selon laquelle la vaccination contre le Covid-19 ou le Covid-19 lui-même augmenteraient le risque d'AVC chez l'enfant ».
Chez les adultes, les autorités sanitaires françaises ont conclu dans une récente étude que les vaccins à ARN messager (Pfizer/BioNTech et Moderna) ne semblaient pas augmenter le risque d’AVC. Les vaccins à adénovirus (AstraZeneca et Johnson & Johnson) apparaissent quant à eux « associés à une légère augmentation du risque d'infarctus du myocarde et d'embolie pulmonaire chez les adultes, dans les deux semaines suivant l’injection », mais pas à des AVC, d’après cette étude.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) a elle fait état de très rares cas de thrombose veineuse cérébrale (TVC) chez des adultes, qui sont intervenus dans les premières semaines suivant l’administration des vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson. Une TCV est une forme peu courante d’AVC qui se produit lorsqu’un caillot sanguin obstrue une veine du cerveau. Ces cas restent toutefois exceptionnels en comparaison du nombre de personnes qui ont été vaccinées, ce qui fait que les bénéfices apportés par la vaccination l’emportent largement sur les risques, juge l’EMA.
Selon une étude britannique conduite sur plusieurs millions de personnes et publiée dans le British Medical Journal (BMJ) en août 2021, le risque de développer un AVC serait même beaucoup plus élevé en attrapant le Covid-19 qu’en recevant les vaccins d'AstraZeneca et de Pfizer/BioNTech (les deux vaccins utilisés dans le cadre de cette recherche).
(État des lieux au 11/02/2022)
Liens
Post Facebook (version archivée)
Les numéros d’urgence en France (version archivée)
Les numéros d’urgence en Belgique (version archivée)
Site du Samu en France (version archivée)
Site du Fonds de dotation France-AVC (version archivée)
À propos de France-AVC (version archivée)
Sur les AVC – France (version archivée)
Sur les AVC – Belgique (version archivée)
Les autorités françaises sur les AVC chez les enfants (version archivée)
Tweet détournant la campagne (version archivée)
La vaccination anti-Covid chez les enfants en Belgique (version archivée)
La vaccination anti-Covid chez les enfants en France (version archivée)
À propos de Boehringer Ingelheim (version archivée)
Statistiques des cas pédiatriques d’AVC en France (version archivée)
À propos du CNRAVC (version archivée)
Exemple de campagne sur l’AVC pré-Covid (version archivée)
Fact-check de l’AFP (version archivée)
Étude – vaccins et AVC (version archivée)
À propos des TVC (version archivée)
L’EMA sur les TVC et AstraZeneca (version archivée)
L’EMA sur les TVC et J&J (version archivée)
EMA – les risques et bénéfices mis en contexte (version archivée)
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