Pas de preuve que l’ivermectine ait fait baisser les contaminations Covid au Japon
8.12.2021, 14:40 (CET)
D'après un post Facebook (archivé ici), publié le 28 novembre 2021, l'Association médicale de Tokyo aurait jugé l'ivermectine très efficace contre le Covid-19. Celle-ci aurait d'ailleurs recommandé à tous les médecins du Japon d'utiliser ce médicament dans le traitement de la maladie. Le post s'appuie sur un graphique qui affirme se baser sur des chiffres du ministère japonais de la Santé. Il montrerait que le nombre d'hospitalisations liées au Covid-19 a fortement diminué depuis cette recommandation.
Évaluation
L'Association médicale de Tokyo n'est pas une organisation gouvernementale. Les autorités japonaises n'ont pour l'instant pas autorisé l'utilisation de l'ivermectine contre le Covid-19.
Faits
L'Association médicale de Tokyo est une filiale de l'Association médicale du Japon. Cette organisation indépendante fait du lobbying et propose des recommandations d'experts au gouvernement au sujet de ses politiques en matière de santé.
Le 13 août 2021, le Dr. Haruo Ozaki, le président de l'Association médicale de Tokyo, a tenu une conférence de presse, dont des extraits ont ensuite beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Il y compare le nombre de cas de Covid-19 dans les pays africains qui ont distribué une fois par an de l'ivermectine (pas seulement pour le Covid-19) et ceux qui ne l'ont pas fait. D'après Haruo Ozaki, les contaminations seraient plus nombreuses dans la deuxième catégorie.
Ce dernier explique ainsi qu'on ne peut pas dire que l'ivermectine n'est pas efficace du tout, selon un correspondant de la dpa à Tokyo. Il n'exclut pas l'utilisation de l'antiparasitaire chez des patients Covid au vu de la situation, tout en suggérant de poursuivre des études à ce sujet, rapportait également l'AFP fin septembre.
Le graphique partagé sur Facebook laisse entendre que le nombre de patients hospitalisés en raison du Covid-19 au Japon a radicalement baissé depuis l'annonce de l'Association médicale de Tokyo. Sauf que l'utilisation de l'ivermectine dans le pays n'a pas été autorisée pour traiter le Covid-19.
En effet, il s'agit ici de la position de l'Association médicale de Tokyo. Mais cette dernière ne représente pas le gouvernement japonais. À ce jour (8 décembre 2021), l'ivermectine ne figure pas sur la liste des produits médicaux qui ont été approuvés par les autorités japonaises pour lutter contre le Covid-19.
Le même graphique, dont l'origine reste floue, avait notamment été dénoncé dans un article de Forbes.
S'il est vrai que le nombre de contaminations au Covid-19 enregistrées au Japon a fortement baissé après un pic au cours de l'été, il n'existe aucune preuve que celle-ci peut être attribuée à l'ivermectine, puisque l'antiparasitaire n'est pas autorisé dans ce cadre. Les experts évoquent plutôt la généralisation du port du masque, le respect de la distanciation sociale et un taux de vaccination élevé comme explication.
Rappelons par ailleurs que l'efficacité de l'ivermectine dans le traitement ou la prévention du Covid-19 n'a pour le moment pas été démontrée avec certitude.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Agence européenne des médicaments (EMA) déconseillent toutes les deux l’utilisation de l’ivermectine pour traiter le Covid-19 en dehors des essais cliniques, en l'absence de résultats probants.
D'autres fausses affirmations sur l'ivermectine et la campagne de vaccination au Japon avaient déjà fait l'objet d'une vérification de la part de la dpa.
(État des lieux au 08/12/2021)
Liens
Publication Facebook (version archivée)
Association médicale du Japon (version archivée)
Sur l'Association médicale du Japon (version archivée)
Haruo Ozaki (version archivée)
Fact-check de l'AFP (version archivée)
Extrait de la conférence de presse (version archivée)
Liste des médicaments et vaccins autorisés (version archivée)
Article de Forbes (version archivée)
Les contaminations au Japon (version archivée)
Sur la baisse des cas de Covid-19 (version archivée)
Avis de l’OMS sur l’ivermectine (version archivée)
Contactez l’équipe de vérification des faits de la dpa : factcheck-belgium@dpa.com