Pommes israéliennes et poires palestiniennes

20.8.2021, 10:59 (CEST)

Un internaute publie sur Facebook un tableau comparant le nombre de cas confirmés de Covid-19 enregistrés en Israël et dans les Territoires palestiniens, entre le 20 mai et le 10 août 2021. Il est beaucoup plus élevé en Israël. L’internaute en tire cette conclusion : « On voit le problème entre un pays vacciné et un qui ne l’est pas ! » (Version sauvegardée.)

Évaluation

Le message est trompeur, l’utilisateur de Facebook mélangeant les pommes et les poires. Il fait entre autres abstraction d’une donnée fondamentale : les tests de dépistage du Covid-19 sont beaucoup plus nombreux en Israël que dans les Territoires palestiniens.

Faits

« Les palestiniens doivent être des complotistes du Covid ! Faut arrêter de se foutre de nous ! Cette expérience génétique est une honte, un génocide !

Graphique de la contamination, l’on voit le problème entre un pays vacciné et un qui ne l’est pas ! (sic) », écrit l’internaute.

A l’appui de ses dires, il publie un tableau de « Our World in Data » indiquant que le nombre de cas avérés de Covid-19 était, en date du 10 août 2021, beaucoup plus élevé en Israël – où près de 63% de la population ont été complètement vaccinés contre la maladie – que dans les Territoires palestiniens, où le taux de vaccination complète de la population atteint à peine 8,4%. La tendance ne s'est pas inversée, depuis lors.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) donne elle aussi des détails sur l’évolution de la situation, du côté israélien et du côté palestinien.

Ce n’est pas la seule différence entre Israël, dont la population avoisine les 8,7 millions d’habitants, et les Territoires palestiniens (Cisjordanie et bande de Gaza), où vivent environ 5,3 millions de personnes. La comparaison est donc hasardeuse, même s’il est vrai qu'Israël est confronté à une nouvelle et importante vague de contaminations due au variant « delta » du coronavirus.

Surtout, l’auteur du message omet de faire référence à un avertissement, rédigé en anglais, qui figure en tête du graphique qu’il partage lui-même : « (…) Le nombre de cas confirmés est inférieur au nombre de cas réels ; la principale raison en est le nombre limité de tests » effectués sur la population, en particulier dans les Territoires palestiniens.

La différence est flagrante, en effet, tel qu’en témoigne un rapport de l’ONU daté du 12 août : dans les Territoires palestiniens, et par rapport à la semaine précédente, « le nombre de tests effectués a augmenté de 12% au cours de la période considérée (du 6 au 12 août), avec 27 519 tests effectués. Dans la bande de Gaza, le nombre de tests du Covid-19 est plutôt faible, avec une moyenne de 598 tests par jour au cours du mois dernier (du 16 juillet au 12 août). Cependant, le taux de positivité reste assez élevé et continue d'augmenter, atteignant 27% le 12 août - le taux de positivité le plus élevé depuis fin mai ». Les chiffres, depuis lors, ont pris l’ascenseur, une quatrième vague de contamination, due elle aussi au variant « delta » du coronavirus, étant pressentie dans les Territoires palestiniens.

En comparaison, le nombre de tests effectués en Israël est beaucoup plus élevé, ce qui permet donc de détecter beaucoup plus de cas positifs. Un tableau de « Our World in Data », la référence utilisée par l’auteur du message, l’indique clairement.   

Le service de vérification des faits de Reuters a lui aussi démonté une allégation semblable, le 16 août.

(État des lieux au 20/08/2021)

Liens

Message Facebook (archivé)

Our World in Data sur le nombre de cas (archivé)

Our World in Data sur le nombre de vaccinés (archivé)

Israël OMS (archivé)

Palestine OMS (archivé)

Rapport ONU (archivé)

Comparaison tests (archivé)

Fact-check Reuters (archivé)

Contactez l'équipe de vérification des faits de la dpa : factcheck-belgium@dpa.com