Une diabolisation de mère Teresa qui laisse perplexe

03.08.2021, 09:31 (CEST)

« Mère Teresa était une trafiquante d'enfants qui vendait des bébés et gagnait entre 50 et 100 millions de dollars par an pour le Vatican », accuse un membre de Facebook, en attirant par ailleurs l’attention sur certaines relations troubles qu’a entretenues la sainte. (Version sauvegardée)

Évaluation

La congrégation des Missionnaires de la Charité, fondée par mère Teresa, a effectivement été éclaboussée par un scandale de vente de bébés, en 2018 en Inde. Ces faits se sont toutefois produits près de 21 ans après le décès de la religieuse, qui, selon la littérature parfois très critique qui lui a été consacrée, n’a jamais été suspectée elle-même de trafic d’enfants.

Faits

Née en 1910 dans l’actuelle Macédoine du Nord, Anjezë Gonxhe Bojaxhiu est entrée en religion en 1929, l’année où elle s’est installée à Calcutta, en Inde. En 1950, elle y a fondé la congrégation des Missionnaires de la Charité, qui a ouvert de nombreux hospices, mouroirs ou encore orphelinats. Mère Teresa, qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 1979, est décédée en septembre 1997, en Inde. Sainte Teresa de Calcutta a été canonisée en septembre 2016.

Deux ans plus tard, en juillet 2018, un scandale a éclaté dans un foyer géré par les Missionnaires de la Charité, dans le nord-est de l’Inde : une religieuse et une employée de l’établissement ont été arrêtées ; elles ont reconnu avoir vendu plusieurs bébés à des couples indiens.

Rien n’indique toutefois, dans toute la littérature sérieuse – et parfois très critique - consacrée à mère Teresa, qu’elle ait elle-même été impliquée dans un quelconque trafic d’enfants. L'auteur du message sur Facebook ne cite aucune source qui appuyerait son propos.

En revanche, une autre accusation qu'il formule est fondée : mère Teresa a entretenu des relations avec certains personnages troubles.

L’auteur du message écrit : « Les relations de Teresa incluent Baby Doc Duvalier, le dictateur haïtien, Charles Keating, le criminel de Saving and Loan, et Robert Maxwell, le père de la partenaire de Jeffrey Epstein dans le trafic d'enfants, Ghislaine Maxwell. »

C’est vrai, relèvent les biographes de mère Teresa : elle a accepté des dons de personnages sulfureux – sa rencontre avec le magnat de la presse Robert Maxwell, à la fin des années 1980, est toutefois antérieure à la relation que la fille de l’homme d'affaires sulfureux a nouée avec le criminel Jeffrey Epstein.

« Et il y a plus, Mère Teresa a ouvert la maison des tout-petits de DC avec nul autre que Hillary Clinton. Cet orphelinat a été silencieusement fermé en 2012 », ajoute l’auteur du message sur Facebook.

A défaut de trouver le moindre terrain d’entente sur l’avortement, mère Teresa (farouchement opposée aux interruptions volontaires de grossesse) et Hillary Clinton, l’épouse du président américain Bill Clinton (le couple a toujours été favorable aux IVG, dans certaines circonstances), étaient convenues d’ouvrir un centre pour de futures mamans désireuses de mettre leur bébé à l’adoption, en 1994.

La « Mother Teresa home for infant children » a été ouverte en 1995, à Washington. La maison a été fermée en 2002 – et non en 2012, comme l’affirme l’auteur du message sur Facebook – par les Missionnaires de la Charité, pour des raisons qui demeurent inconnues mais n’ont jamais fait l’objet d’un scandale.

Liens

Message Facebook (archivé)

Mère Teresa (archivé)

Scandale (archivé)

Critiques (archivé)

Washington (archivé)

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