Des affirmations trompeuses sur les masques buccaux
8.6.2021, 11:16 (CEST)
« Faire croire à la population qu’un masque protège alors que c’est écrit sur l’emballage qu’il ne protège pas, c’est fort quand même… », écrit un utilisateur belge de Facebook. Dans un second message, il attire l’attention sur un extrait de notice d’utilisation d’un « masque d’hygiène 3 plis bleu », qui indique : « Ce produit ne protège pas des contaminations virales ou infectieuses ». (Versions sauvegardées ici et ici)
Évaluation
Le message est trompeur. La même notice souligne que ces masques « limitent la projection des secrétions du porteur par voie aérienne ou voie de gouttelettes ». Le port d’un masque buccal « n’est pas fait en premier lieu pour se protéger, mais bien pour protéger les autres. Autrement dit, vous serez protégé par les gens portant un masque autour de vous », relèvent d’ailleurs les autorités belges sur le site infocoronavirus.be.
Faits
L’auteur du message publie la notice d’utilisation d’un sachet de masques fabriqués en Chine, en avril 2020, et importés en Europe par une société établie en France.
Il s’agit de masques dits « de confort », ou « non médicaux », qui n’ont pas été testés à la norme de sécurité européenne EN 14683 et ne peuvent donc pas porter l’étiquette de « masques chirurgicaux » et de « dispositifs médicaux ».
« Les masques de confort sont les masques buccaux destinés au grand public. Ils peuvent contribuer à lutter contre la propagation du coronavirus, en complément des gestes barrières comme l’hygiène des mains et les règles de distanciation sociale », explique le Service public fédéral Economie (SPF Economie) sur les pages de son site dédiées au Covid-19.
Il ajoute : « Un masque de confort n'offre pas une protection suffisante à celui qui le porte. Le port d’un masque buccal protège en premier lieu les autres. Inversement, la personne qui le porte est également protégée si les personnes autour d’elle portent aussi un masque buccal. Le niveau de protection doit être considéré comme un complément aux précautions de base telles que la limitation des contacts sociaux, le maintien de la distance physique et le respect des règles d'hygiène. »
Le SPF Economie précise que les règles doivent être respectées pour importer ou vendre ces masques en Belgique. « Les personnes qui utilisent les masques de confort ne doivent pas être induites en erreur sur le niveau de protection qu’ils offrent », est-il notamment stipulé.
La notice d’utilisation publiée sur Facebook est claire, dans ce contexte : les « masques d’hygiène » présentés « limitent la projection des secrétions du porteur par voie aérienne ou voie de gouttelettes. Attention : ce produit n’est pas un équipement de protection individuelle. Il n’est pas recommandé comme protection contre l’amiante, la silice, les poussières toxiques ou toute autre fumée toxique, gaz et vapeur. Ce produit ne protège pas des contaminations virales ou infectieuses. Non testé à la norme EN 14683. Ce produit n’est pas un dispositif médical. »
« Il est faux de dire que, pour autant, ce type de masque n’offre aucune protection », déclare à la dpa Nioucha Mamaghani, business manager d’une jeune société basée à Bruxelles, Oneo Solutions, qui est spécialisée dans l’importation et la distribution de tests anti-Covid rapides et de masques exclusivement « médicaux » en Belgique. Il n’est donc pas suspect de parti pris. « Même les masques en tissu ont été jugés efficaces », remarque-t-il.
Nioucha Mamaghani, dont la société livre ses produits dans un réseau de quelque 200 pharmacies et cabinets médicaux, note toutefois que les « masques d’hygiène » présentés sur Facebook ne sont plus vendus dans les « pharmacies aguerries », où l’on ne trouve plus que des masques chirurgicaux de type « IIR » répondant à la norme EN 14683, dont l’efficacité filtrante est accrue.
Une tournée de sept pharmacies à Bruxelles et une dizaine de coups de téléphone en Wallonie ont permis à la dpa de le constater, le 7 juin.
Ce jour-là, les 19 bourgmestres des communes de la Région bruxelloise et le ministre-président de la Région sont par ailleurs tombés d'accord pour lever l'obligation du port du masque en extérieur, dans la capitale belge, à partir du 9 juin. Dans certaines communes, des exceptions à la suppression de cette obligation pourraient toutefois être décidées dans des zones densément fréquentées, tels que les marchés, les brocantes ou encore quelques artères commerciales.
Liens
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