Comparaison douteuse entre Jürgen Conings et Salah Abdeslam

Dans une publication Facebook qui date du 24 mai 2021, un internaute compare le traitement attribué à Salah Abdeslam à celui de Jürgen Conings. Avec comme conclusion, qu'il vaut mieux être terroriste qu’« un homme de bien pour le pays ». (Version sauvegardée)

Évaluation

Cette comparaison est plus que douteuse car les affirmations reprises pour comparer les deux personnes ne sont pas correctes.

Faits

Dans cette publication Facebook, l'internaute affirme qu'il y a une autorisation de tuer Jürgen Conings. Or, cela est faux, comme l'indique la porte-parole du parquet fédéral Wenke Roggen auprès de RTL Info. « En Belgique, il n'y a pas de permis de tuer. La police interviendra de manière adéquate et réagira en cas de légitime de défense », déclare Wenke Roggen.

D'ailleurs, la loi belge est très claire à ce sujet. L'article 416 du Code pénal stipule : « Il n'y a ni crime ni délit, lorsque l'homicide, les blessures et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou autrui. »

On ne parlera donc pas de légitime défense si la personne est en fuite ou si elle n’est pas menaçante. On ne peut pas tirer sur quelqu’un juste parce qu’on l’a décidé.

Au sujet de Jürgen Conings, l’internaute écrit également qu’« il lutte pour nos libertés ». Le militaire a effectivement manifesté son mécontentement et son désaccord vis-à-vis des mesures sanitaires. Mais ce n’est pas tout ce qui le définit. Jürgen Conings était connu des services en raison de ses sympathies pour l’extrême droite et était déjà fiché en tant qu'« extrémiste potentiellement violent » par l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM). Il aurait aussi eu l'intention de commettre un attentat contre une mosquée, selon les médias belges. Dans sa lettre d’adieu, il pointe clairement du doigt les politiques et les virologues, et a également menacé de mort le virologue Marc Van Ranst.

Quant aux affirmations sur Salah Abdeslam, elles sont soit fausses soit incomplètes. 130 personnes sont bien décédées lors des attentats de Paris le 13 novembre 2015, mais Abdeslam n'était pas seul. Il y avait en réalité tout un commando bien organisé. Comme l'explique un article de la RTBF, « pour l’opinion publique, le visage des attentats de Paris, c’est lui. Pourtant, Salah Abdeslam n’est qu’un pion parmi d’autres dans ces attaques, dont l’instigateur est plutôt Abdelhamid Abaaoud, son meilleur ami. »

La mention « jamais puni » concernant Salah Abdeslam est également fausse. En 2018, lui et son complice Sofien Ayari ont été condamnés à 20 ans de prison pour tentative d’assassinat dans un cadre terroriste. Le 15 mars 2016, lors de la fusillade de la rue du Dries à Forest, les deux hommes avaient tiré sur des policiers, et une des balles avait atteint le casque d’un membre des unités spéciales.

Salah Abdeslam sera bien sûr aussi jugé pour son rôle lors des attentats de Paris. Le procès est prévu pour septembre 2021, et devrait s'étaler jusqu'à mars 2022.

Il n'est pas non plus fondé de dire qu'« il est plus sécuritaire d’être terroriste ». Même si les autorités ont la ferme volonté d’attraper Jürgen Conings, elles avaient la même ambition au moment de la traque de Salah Abdeslam, qui était d’ailleurs devenu « l’homme le plus recherché d’Europe ».

Le terrorisme est aussi bien évidemment puni par la loi. L’infraction terroriste est définie par l’article 137 du Code pénal comme étant une infraction qui « de par de sa nature ou son contexte, peut porter gravement atteinte à un pays ou à une organisation internationale... ». Quant à l’article 140, il énumère les peines encourues en cas d’activité terroriste.