L'IRM n'a « rien à voir avec l’ocytocine, les hormones, les baisers ou l’allaitement »
1.2.2021, 10:34 (CET)
Une image obtenue par résonnance médicale (IRM) montre une mère et son bébé. Des parties des cerveaux du duo mère-enfant sont colorisées. Une légende accompagne le cliché, diffusé sur Facebook : « L’image d'une IRM a été capturée lorsqu’une mère a embrassé son fils de deux mois. Les lèvres posées sur la tête du petit homme déclenchent immédiatement une réaction dans son cerveau. La dopamine est libérée, ce qui nous procure une sensation de bien-être, mais aussi de l'ocytocine, appelée « hormone de l'amour », car elle est responsable de la condition et de l'attachement. » (Publication archivée)
ÉVALUATION : L'auteure de l'image (et par ailleurs celle qui a posé avec son fils), le Dr Rebecca Saxe, a resitué le contexte sur Twitter. L’image ne montre pas ce que provoque l'affection d’une mère dans le cerveau d’un enfant.
FAITS :
Le cliché, obtenu par résonance magnétique (IRM), d'une mère embrassant son enfant fait le tour du monde. L'image est réelle. Elle a été faite en 2015 par une neuroscientifique, le Dr Rebecca Saxe. Elle a posé avec son second enfant pour une expérience hors du commun : obtenir et publier une image jamais faite auparavant. « Cette IRM particulière n'a pas été fait à des fins diagnostiques, ni vraiment pour la science. Personne, à ma connaissance, n'a fait d'IRM d'une mère et son enfant. Nous l'avons faite parce que nous voulions la voir », a expliqué la scientifique au magazine Smithsonian en 2015.
Plus tard, des points colorés ont été ajoutés à l'IRM originale. Et rapidement, la rumeur affirmant que l'image montre comment le cerveau d'un enfant réagit au baiser de sa mère a suivi. Rebecca Saxe, interpellée par l'emballement autour de l'image, a tenu à préciser sur Twitter, que les taches de couleur, sur l'IRM originale, avaient été apposées par son équipe. Ce montage est le fruit de leur travail: il montre quelles régions du cortex visuel s'activent chez l'adulte et l'enfant lorsqu'ils observent des visages ou des paysages.
« À un moment donné, nous nous sommes demandé s'il serait cool de superposer l'activation (d'après leur étude scientifique précitée, NdlR) sur cette image. C'est ce que nous avons fait », écrit-elle sur Twitter. Avant de conclure : « Cela n’a rien à voir avec l'ocytocine, les hormones, les baisers ou l’allaitement. »
L'image, mondialement partagée et relayée avec une légende fallacieuse, a été analysée et remise en contexte par différents médias de vérification des faits, mais également par la Cellule de Recherche et Publications Scientifiques (CRPS) de l’hôpital Psychiatrique du Beau Vallon, en Belgique.
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Liens :
Publication Facebook : https://www.facebook.com/groups/2803317053259021/permalink/2857713081152751/ (archivée : https://archive.vn/9VdnB)
Publication Facebook II: https://www.facebook.com/lee.vancleef.50309/posts/462950891538703 (archivée : https://archive.vn/RRMMp)
Publication Facebook France : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1305298419870529&id=100011711504818 (archivée : https://archive.vn/UyfOs)
Thread de Rebecca Saxe sur Twitter, 2019 : https://twitter.com/rebecca_saxe/status/1171982324512243712?lang=fr(archivé : https://archive.vn/q20qG)
Article dans Smithsonian Magazine : https://www.smithsonianmag.com/science-nature/why--captured-MRI-mother-child-180957207/ (archivé : http://dpaq.de/6WvxW)
Vérification des faits de l'hôpital Beauvallon : https://crps-beauvallon.be/2019/09/17/verifier-info/ (archivée : http://dpaq.de/OAPJM)
Vérification des faits de Snopes: https://www.snopes.com/fact-check/mri-of-love/ (archivé : http://dpaq.de/wQ85N)
Vérification des faits de l'AFP : https://factuel.afp.com/cette-image-ne-montre-pas-lexplosion-de-lhormone-de-lamour-dans-le-cerveau (archivée : http://dpaq.de/ioaU4)
Vérification des faits de Massive Science : https://massivesci.com/notes/setting-record-straight-mother-infant-mri-not-oxytocin/ (archivé : http://dpaq.de/7XsNc )
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Contactez l'équipe de vérification des faits de la dpa : factcheck-belgium@dpa.com