Les voleurs selon Voltaire, une affabulation

« Voltaire avait raison », clame un message partagé le 27 décembre sur Facebook, en Belgique. Il attribue au grand philosophe français des Lumières le fait d’avoir établi des différences entre le « voleur ordinaire » et le « voleur politique », peu flatteuses pour ce dernier. (Version sauvegardée)

ÉVALUATION :

Le long texte est truffé d’incohérences historiques et de langage; au 18e siècle, Voltaire n’aurait pas pu en être l’auteur.

FAITS :

Le texte, qui circule depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux, indique :

« 1. Le voleur ordinaire : c'est celui qui vous vole votre argent, votre portefeuille, votre vélo, votre parapluie...

2. Le voleur politique : c'est celui qui vous vole votre avenir, vos rêves, votre savoir, votre salaire, votre éducation, votre santé, votre force, votre sourire ...

La grande différence entre ces deux types de voleurs, c'est que le voleur ordinaire vous choisit pour vous voler votre bien, tandis que le voleur politique, c'est vous qui le choisissez pour qu'il vous vole.

Et l'autre grande différence, qui n'est pas des moindres, c'est que le voleur ordinaire est traqué par la police, tandis que le voleur politique est le plus souvent protégé par une escorte de police. »

François-Marie Arouet, dit Voltaire, n’aurait pas pu prononcer ces paroles, ni même les imaginer, au cours de sa vie (1694-1778). Le texte, en effet, est parsemé d’incohérences historiques.

Un « voleur ordinaire » aurait été incapable de voler un « vélo », au siècle des Lumières, puisque la draisienne, l’ancêtre de la bicyclette, n’a été inventée qu’en 1817, bien après la mort du philosophe.

Voltaire n’aurait pas pu affirmer non plus que « le voleur politique, c’est vous qui le choisissez pour qu’il vous vole ». En effet, ce n’est qu’en 1791 qu’a été instauré le suffrage censitaire (et indirect) en France. Une fois de plus, après la mort de François-Marie Arouet.

Enfin, à l’époque, « l’escorte » ne comptait pas parmi les missions de la police du Royaume de France, qui visaient « à assurer le repos du public et des particuliers, à purger la ville de ce qui peut causer les désordres ».

Le Traité de police du commissaire Nicolas de La Mare, paru en 1722, mentionne douze domaines d'intervention, qui regroupent en fait l'ensemble de l'action de l'État: « La religion, la moralité, la santé, les approvisionnements, les routes et les ponts et chaussées, les édifices publics, la sécurité publique, les arts libéraux, le commerce, les fabriques, les domestiques, les pauvres ».

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Liens :

Message Facebook : https://www.facebook.com/christian.delbroucq.7/posts/777422339525000 (archivé : http://dpaq.de/8OSDL)

Voltaire : https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Fran%C3%A7ois_Marie_Arouet_dit_Voltaire/149270 (archivé: http://dpaq.de/jAMsW).

Vélos : http://www.museeducycle-weyler.be/histoire-du-velo (archivé: http://dpaq.de/MxjLW).

Elections : https://www.vie-publique.fr/fiches/23911-les-etapes-de-la-conquete-du-droit-de-vote (archivé: http://dpaq.de/Gu3P7).

Police : https://www.police-nationale.interieur.gouv.fr/Presentation-generale/Histoire (archivé: http://dpaq.de/vM3C0).

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